Comment l’assassinat odieux de Sharon Tate en 1969 va bouleverser l’Amérique. Un récit très gore, qui fait la part belle aux portraits psychologiques des meurtriers, signé Simon Liberati !
Avec une grande minutie, et un brin de sadisme, Simon Liberati mène l’enquête sur cette affaire qui a défrayée la chronique à la fin des années 60 : le meurtre de Sharon Tate enceinte jusqu’aux yeux, dans sa maison de Los Angeles. Cet évènement morbide fera basculer le monde dans l’horreur et signera la fin de l’utopie hippie pacifiste et humaniste.
Sharon Tate était donc une actrice de second plan, mariée au réalisateur de Rosemary’s Baby, Roman Polanski. Irradiant d’une beauté platine presque irréelle. c’était une poupée Barbie froide qui souffrait de la jalousie des autres et qui se protégeait derrière une armure !
Dans un premier temps, Simon Liberati plante le décor : une communauté hippie dirigée par Charlie Manson, son gourou manipulateur, personnage détestable, autoritaire, qui fomentera des larcins plus ou moins graves, trafiquera à droite et à gauche, avant de tracer les plans de cet assassinat démoniaque dont il veut faire porter la responsabilité à la communauté noire. La Famille est une vraie secte qui veut replacer l’Homme blanc au centre du Monde !
On est déjà loin du « peace and love » en cette fin des années 60, dans cette « famille » qui réunit des désaxés, des drogués, fugueurs et autres gibiers de potence. Ils ont pour principale activité de commettre des mauvais coups, avec la motivation folle de changer le monde et d’implanter un ordre nouveau ! La mégalomanie de Charlie Manson est d’ailleurs abondamment dépeinte.
L’assassinat qui constitue le « climax » du livre est retranscrit avec force détails, avec une imagerie gore digne d’un Grand Guigol suintant l’hémoglobine et les chairs putréfiées. On avance minute après minute dans l’horreur sans que celle-ci semble vouloir se terminer. Les meurtriers, dont trois jeunes filles sélectionnées par Manson, qui commandite le meurtre , s’acharneront sur les victimes, excités et comme transcendés par le sang. Les sirènes des voitures de police annonceront la fin du carnage, célébré dans le décor féérique d’une propriété hollywoodienne avec piscine et dépendances !
La force de l’auteur est de polariser son récit, au-delà du crime, sur la psychologie défaillante des trois meurtrières, des filles d’à peine vingt ans sans repères, des marionnettes décérébrées manipulées par une idéologie foireuse et surtout par leur Dieu Charlie Manson.
Bien-sûr, on ne pourra s’exonérer de faire le parallèle avec les djihadistes de l’Etat Islamique, sans que cela ne nous soit d’ailleurs d’un quelconque réconfort.
A chaque époque ses monstres…
Avec cette enquête savamment documentée, Simon Liberati poursuit sa quête d’un éternel féminin très spécial qu’on n’a pas forcément envie de croiser au coin de la rue !
Hugues DEMEUSY
California Girls
Roman français de Simon Liberati
Editeur : Grasset
337 pages – 20 euros
Sorti le 17 août 2016