Olivier Steiner raconte la relation exceptionnelle qu’il a vécue avec Patrice Chéreau, durant les dernières années de la vie du metteur en scène. Une merveille d’élégance et de sincérité.
Octobre 2013. Patrice Chéreau meurt des suites d’un cancer. Dans l’église Saint Sulpice, où ont lieu ses funérailles, un garçon s’installe dans le fond de l’église, anonyme parmi les célébrités et les personnages importants. Olivier Steiner, jeune provincial monté à Paris, n’a rien d’un Rastignac. Il ouvre grands ses yeux et emmagasine les expériences inédites et merveilleuses que lui procurent la grande ville, tout comme les galères. A 31 ans, alors que sa vie stagne, il assiste à une lecture dans un théâtre de banlieue et rencontre Patrice Chéreau. Débutera alors une relation par SMS tout d’abord, puisque Chéreau monte un opéra à Milan… Puis ce sera la (re) rencontre à Trouville un soir d’hiver, mise en scène par Steiner, où rien ne se passera comme prévu.
S’en suivra une relation décousue, mais forte, intense, cependant frustrante pour Steiner.
En 2012, il écrit son premier livre Bohème. Il y traite d’une liaison virtuelle entre une jeune garçon un peu sauvage et un metteur en scène reconnu, toujours à l’étranger. Il brouille les pistes de façon à ce que l’on ne soupçonne pas le nom du metteur en scène… Utilise t’il la narration romanesque pour se libérer de cette expérience à laquelle lui-même ne parvient pas à croire ? Explication sans doute simpliste mais incursion remarquée dans le monde littéraire pour Olivier. Et belle manière de mettre le pied à l’étrier quand Chereau lui suggère d’écrire sur cette relation, même s’il l’enjoindra à censurer de nombreux passages !
Aujourd’hui, Olivier Steiner dit tout, la pudeur et l’impudeur, le beau, le laid, le meilleur, le tragique… Et son récit est magnifiquement vrai, bouleversant, toujours élégant, jamais sensationnaliste.
On imagine sans peine les affres de doutes qu’ont du être ceux de l’auteur au moment d’écrire ce texte. Mais toujours la sincérité fait mouche. Et Steiner trace le portrait sans fard d’un homme exceptionnel, parfois lâche, souvent magnifique. Il lui rend le plus bel hommage en partageant avec nous ses lecteurs, cette relation rare.
Hugues DEMEUSY
La main de Tristan
Roman français d’Olivier Steiner
Éditeur: Éditions des Busclats
159 pages – 14 euros
Parution : 19 août 2016