De même que sa vie fut un conte de fées, le conteur danois ressemblait aux personnages de ses contes. Nathalie Ferlut nous raconte comment le vilain petit canard devint un cygne majestueux.
Andersen n’a pas seulement écrit des contes, il ÉTAIT un personnage de contes, fantasque et attachant. Ce poète courait le monde, autant pour se fuir que pour tenter de trouver sa place dans une société où il refusait de grandir. De son pinceau léger et chatoyant, Nathalie Ferlut en dresse un subtil et fascinant portrait.
La très bonne idée de Nathalie Ferlut, pour cette biographie du célèbre conteur danois, est d’avoir présenté chacun des chapitres du livre à la façon d’un conte, avec des titres dans l’esprit d’Andersen (« Le Petit cordonnier qui voulait devenir danseuse », « Le Pierrot qui ne voulait pas se marier »…). Nous avons là un récit enlevé et virevoltant, mâtiné de poésie, qui reflète bien l’homme dont la vie ressemblait à un conte de fées. Né dans la pauvreté, Hans Christian Andersen, convaincu de sa bonne étoile, avait réussi malgré les obstacles à accéder au rang d’écrivain de renommée mondiale. Au fil des pages, c’est un personnage complexe qui se dessine. Au-delà du gentil pierrot lunaire et excentrique, le conteur poète avait ses zones d’ombre qu’il dérobait jalousement à la lumière. Très égocentrique, il supportait mal la critique et pouvait s’emporter facilement ou se répandre en lamentations. En ce sens, Nathalie Ferlut ne fait pas dans la mièvrerie, abordant toutes les facettes de sa personnalité, évoquant même son homosexualité latente (qui ne cessait de le tourmenter), et l’on comprend que le seul vrai amour – bien que platonique et unilatéral – de cet étrange homme-enfant fut son frère de cœur Edvard Collin.
Visuellement, c’est de la très belle ouvrage ! Les pages scintillent de mille couleurs grâce aux superbes aquarelles de Nathalie Ferlut. Celles-ci font oublier un trait parfois relâché mais dont le charme agit incontestablement dès lors qu’il se fait naïf ou onirique.
L’auteure nous convie ici à un voyage enchanté, destiné avant tout aux grands enfants, à travers la vie du célèbre Danois à l’imagination sans limites, une vie dont ce dernier entreprit d’être lui-même la fée… Tout cela fait incontestablement d’Andersen, les Ombres d’un conteur un des meilleurs albums de l’année.
Laurent Proudhon
Andersen, les ombres d’un conteur
Scénario & dessin : Nathalie Ferlut
Editeur : Casterman
128 pages couleur – 20 €
Parution : 31 août 2016