Après quelques mois d’absence, les chroniques express font leur retour avec au programme : Brisa Roché, Silvain Vanot, Emily Jane White, You + Your D. Metal, Friend Max Graef, Masayoshi Fujita & Jan Jelinek et Exploded View.
Brisa Roché – Invisible1
Drôle de nom pour cet album d’une élégance folle. Il est signé Brisa Roché et c’est sa troisième réalisation depuis 2007. Brisa Roche, cette chanteuse californienne qui maitrise parfaitement notre langue prend son temps indéniablement, et c’est donc bien 6 longues années qu’il aura fallu attendre entre All Rght Now et Invisible1. Plus rock, plus électro aussi que son précédent LP, Invisible1 est une production terriblement groovy qui fait la part belle aux titres dansants mais dans laquelle on trouvera aussi quelques balades superbes comme souvent chez elle, à l’image du Titre Each One Of Us qui évoquera les ambiances du Virgin Suicides de Air. Sorti au début de l’été, cet album aux tonalités chaudes et porté par la voix toujours aussi assurée de Brisa Roché constitue une nouvelle étape dans la carrière de cette artiste aux charmes multiples et toujours surprenante. [3.5] Benoît Richard
Label Kwaidan records – Bandcamp – juillet 2016
Silvain Vanot – Ithaque
Comme Dominique A, Mathieu Boogaerts et quelques autres, Silvain Vanot est arrivé avec ses chanson au début des années et depuis on ne la plus quitté depuis. Malgré une longue absence de 7 ans, Vanot est de retour sur le label marseillais 3h50 (Orso Jesenska, Bertrand Betsch, Imagho…). Alors forcément, on est très heureux de retrouver cette voix fragile, cette sincérité touchante, ces gimmicks, cette poésie, cette mélancolie… tout est là, bien en place comme au premier jour. Entre guitare et piano, il déroule une dizaine de chansons intimistes, pour la plupart dépouillées. Des balades folk, pour certaines bouleversantes, (Le nom d’une autre, Lucie…). Comme un vieux pote perdu de vue depuis des lustres et qu’on a l’impression d’avoir quitté la veille, on retrouve notre Vanot avec un plaisir pour constater que l’inspiration est toujours là… en espérant quand même ne pas attendre trop longtemps pour avoir des nouvelles. [4.0] Benoît Richard
Label 3h50 – bandcamp – juin 2016
Emily Jane White – They Moved in Shadow All Together
Déjà quatre albums au compteur pour Emily Jane White, tous parus sur le label Talitres. La chantsue folk américaine découverte avec le brillant Dark Undercoat paru en 2008 aura finalement et tranquillement trouvé sa place dans registre où la similitude entre les artistes est parfois un peu trop marquée. Au fil des années, elle aura su construire des albums tout en nuances, dans un style tirant par moment du côté du country folk comme sur le Blood/Lines de 2013. Pour cette nouvelle production, on la retrouve dans un registre pop-folk avec des ambiances plus froides, plus sombres qu’à l’accoutumé à l’image de cette pochette monochrome qui accompagne cet album.. Mais ici plus que jamais, c’est sa voix qui fait des merveilles. Portée par des arrangements de toute beauté, elle donne le LA à un disque très pur, très dense, tout en étant très aérien. Encore un sans-faute pour cette Californienne dont l’air de la région bordelaise semble lui faire le plus grand bien. [4.5] Benoît Richard
Label Talitres – bandcamp – avril 2016
You + Your D. Metal Friend – Sonnier
Cet album, ce groupe, c’est encore une affaire de copains, l’histoire d’un collectif de musiciens que l’on retrouve fréquemment sous la bannière Morr Music ou Alien Trasistor. L’échantillon du jour est un duo composé de Cico Beck (Joasihno, Aloa Input, the Notwist) et de Markus Acher (the Notwist, Tied & Tickled Trio, Rayon). Vous situez un peu la galaxie ? Donc bienvenue au sein de You + Your D.Metal Friend pour découvrir un son que l’on commence à bien connaitre et dont on découvre ici une nouvelle déclinaison. Le duo a bâti ce projet pour laisser libre court à des expérimentations faites à base de percussions et de vieux synthés analogiques et plus globalement d’instruments qui pouvaient se trouver à portée de main durant les enregistrements. Le résultat est plutôt concluant dans un style qui rappellera l’esprit expérimental qui régnait dans l’album d’improvisations imaginé par Bitchin Bajas et Bonnie Prince Billy au printemps 2016. [4.0] Benoît Richard
Label Alien Transistor – bandcamp – mai 2016
Max Graef – The Yard Work Simulator
Glenn Astro (croisé en 2015 avec l’album Throwback dans un registre assez similaire) et Max Graef (remarqué lui aussi fin 2015 avec ses plans façon Lalo Schifrin sur l’album Dog) réunis pour le meilleur avec cet album qui nous ramène directement aux grands heures du trip hop et jazz breakbeat de la fin des années 90. DJs mais aussi producteurs, les deux anglais nous ont fait un album à quatre mains sur un bon vieux sampler. Un album bâti sur des boucles maison, réalisées à partir d’instruments enregistrés par leurs soins. Le résultat donne un disque très chaleureux et dansant, mélangeant funk, house, jazz et beats (par moment bien cassés), avec en plus une petite touche expérimentale qui donne à l’ensemble ce côté easy mais jamais balisé. Du pur son Ninja Tune comme on l’aime. Un régal ! [4.0] Benoît Richard
Label Ninja Tune – Bandcamp – mai 2016
Masayoshi Fujita & Jan Jelinek – Schaum
Découvert avec La nouvelle pauvreté en 2003, formidable album alternant dub profond, electronica chirurgicale et minimal house, l’allemand Jan Jelinek s’associe à nouveau avec le vibraphoniste Masayoshi Fujita pour un nouvel album d’ambient music. Comme sur le précédent, Bird, Lake, Objects, le duo fait la part belle aux boucles, aux nappes soyeuses, aux bruitages et autres fields recordings dans des assemblages sonores délicats, globalement assez limpides. Point de beat sur cet album, mais juste des sonorités abstraites qui se superposent, qui vont et viennent comme des vagues lentes. C’est doux, c’est confortable, c’est beau… et c’est lavé sans doute avec Mir Laine. [4.0] Benoît Richard
Label Faitiche – bandcamp – septembre 2016
Orval Carlos Sibelius – Ascension
Plongeons durant une heure dans l’électronique aux sonorités vintage avec Orval Carlos Sibelius dont on n’avait quasiment plus de nouvelles depuis l’immense Super Forma paru en 2013. Axel Monneau (membre également des excellents Centenaire) et grand admirateur des œuvres de Cluster (Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius) revient avec un album aux accents krautrock-ambient-expérimental qui a été conçu pour un ciné-concert autour du film Les Rendez-Vous du Diable, d’Haroun Tazieff. C’est beau, c’est sombre, c’est profond, c’est intense, c’est psychédélique et ça donne, du coup, très envie de voir les images qui vont avec. Et en plus je me dis que cette musique, ça pourrait aussi être du François De Roubaix si celui-ci avant 25 ans aujourd’hui.Cet album sera aussi l’occasion de se replonger dans les trois précédents albums d’Orval Carlos Sibelius qui sont tout aussi denses et passionnants que ce dernier. [5.0] Benoît Richard
Label Clapping Music- bandcamp – avril 2016
Warhaus – We Fucked A Flame Into Being
On a aimé les deux albums de Balthazar (Rats et Thin Walls) pour leur élégance, pour leurs mélodies tristes, pour leurs arrangements de haute tenue. On aimera tout autant le premier album solo de leur chanteur Maarten Devoldere sous le nom Warhaus. Composé durant la dernière tournée de Balthazar et enregistré à bord d’un bateau transformé en studio, cet album séduit pour son charme discret, pour son romantisme noir mais aussi pour sa mélancolie contagieuse qui nous ramène aux albums du Leonard Cohen d’il y a une trentaine d’années, période First We Take Manhattan.
Moins linéaire qu’il n’y parait et orchestré avec grande classe, ce premier essai est une totale réussite. Espérons que le prochain Balthazar soit aussi fort. [4.0] Benoît Richard
PIAS – bandcamp – septembre 2016
Exploded View – Exploded View
On a découvert la berlinoise Anika au sein de Beak> et 2010 avec un premier album de reprises produit par Geoff Barrow où l’on pouvait sentir des influences venant à la fois du krautrock de Neu! et de Nico du Velvet. On retrouve la blonde 2014 sous le nom de Exploded View entourée cette fois de musiciens mexicains, et c’est toujours aussi bien. Enregistré en une seule prise, cet album est encore une fois une réussite avec ces ambiances en noir en blanc, cette voix détachée et envoutante et cette production qui n’est pas sans rappeler par moment le 3ème album de Portishead. Un album gracieux, doux et rêche à la fois qui séduira pour toutes ces raisons. [4.0] Benoît Richard
Sacred Bones/ Differ-ant – bandcamp – août 2016