L’inclassable Nicolas Jaar est de retour avec un disque tentaculaire qui mélange les influences, brouille les pistes pour un résultat une fois encore bluffant d’originalité.
Si Nicolas Jaar était resté muet ou presque, depuis son projet Darkside aux cotés de Dave Harrington pour l’album Pomegranates BO imaginée pour le film de Sergei Parajanov, il nous offre enfin un digne successeur à Space Is Only Noise sorti en 2011.
Il est toujours difficile de parler de l’œuvre du surdoué Nicolas Jaar, tant sa musique fait appel à des sens intérieurs touchés par une sensibilité à fleur de peau et une capacité à prendre des allures singulières, qui ne ressemblent à rien d’autre, à l’image du sublime The Governor, croisant Suicide, Venetian Snares et jazz à son propre univers, titre rythmé ouvrant de nouvelles perspectives, où les directions disparates forment un tout à la cohérence démoniaque.
On est subjugué une nouvelle fois, par sa capacité à mélanger les influences, où les éléments viennent se superposer et se porter les uns les autres, brassant l’histoire et l’universalité, mettant à contribution chaque sens avec une aisance défiant les lois des probabilités.
Sirens est un disque tentaculaire, fait de chevauchées sauvages et de dérives oniriques, de bruitages et de collisions sensitives, où les langues se croisent et bâtissent un monde enclin à la mixité des genres, ouvrant les portes à ses origines chiliennes à travers le bondissant No.
Nicolas Jaar oeuvre dans la pénombre, polissant chacun de ses titres avec une intelligence rare, injectant dans chacune de ses mélodies ces multitudes d’incertitudes formant un tout aux déhanchements humains, gorgés de lumière des villes et de voyages incandescents au milieu de territoires vierges et de paradis perdus, sur lesquels le temps s’efface pour s’ouvrir sur celui d’adultes à l’esprit rêveur, capable de se battre pour toucher l’infini.
Roland Torres
Nicolas Jaar – Sirens
Label : Other people
Sortie : 7 octobre 2016