L’univers est à l’agonie et Sans-Nom en proie au doute. Ce nouvel opus de Méta-Baron, entraîne le célèbre héros créé par Alexandro Jodorowsky vers la fin du monde.
Héros si valeureux que l’on puisse être, chacun d’entre nous connaît ses instants de solitude, de remise en question ou autres crises existentielles ! Alors que nous pensions que le Méta-Baron était bien le seul que les affres des mondes ne pouvaient pas toucher, Jerry Frissen revient, dans ce troisième tome intitulé Orne-8 le Techno-Cardinal, avec un héros en proie au doute…
Après avoir vaincu l’Empire et ses combattants les plus redoutables, Sans-Nom, le dernier des Méta-Barons, s’est retiré dans son Méta-bunker. Pendant que l’univers est en train de succomber, il s’interroge sur son existence et finit par la remettre en question. Se battre en occultant toute émotion, suivre sans dévier les rites familiaux, refuser tout contact ou plaisir charnel… son quotidien lié à la destruction et la mort, duquel tout divertissement est banni, n’a plus aucun sens pour lui. Il prend ainsi la décision, contre l’avis de son serviteur, de retrouver son humanité pour profiter de la vie en occupant ses journées à céder aux charmes des prostitués de Solar Corona. Cependant, recouvrer son humanité a un prix : la vulnérabilité !
Pendant ce temps, l’inquiétude grandit sur Néo-Panête d’Or avec la révélation de l’épuisement des sources d’épyphite, le carburant utilisé par toutes les civilisations de la galaxie. Le Techno-Pape envoie Orne-8, son plus fidèle Techno-Séminariste pour résoudre ce problème de pénurie. Il découvre, en remontant la généalogie de Sans-Nom, que celui-ci possède sans doute la solution que cherche l’empire Techno. Il est temps de partir à sa rencontre !
Dans ce premier opus du nouveau diptyque de Méta-Baron, Jerry Frissen se situe entre rupture avec l’univers originel créé par Alexandro Jodorowsky et Mœbius, à travers la nouvelle lubie de Sans-Nom (devenir humain), et continuité (difficulté d’aller à l’encontre des normes de sa caste). Petit à petit, il brise l’image de soldat invincible qui a fait la renommée de Sans-Nom et bouleverse la stabilité de l’univers dont celui-ci est le garant. L’élément qui perturbe cet équilibre : l’amour !
Le scénariste semble s’amuser avec les contre-pieds ! Ainsi, à l’heure où la Manif pour tous recommence à faire parler d’elle, il nous propose une intéressante réflexion sur le genre et la position de la femme dans la société : Orne-8 vient casser les codes définissant l’homme et la femme. Il offre à ses personnages des personnalités attachantes inédites jusqu’ici en axant son récit sur leurs faiblesses.
D’un point de vue graphique, Niko Henrichon rompt avec la tradition de l’hyperréalisme qu’avait fait perdurer Valentin Sécher dans le premier diptyque. Son trait expressif et tout en détails donne un ensemble cohérent et dynamique dont on ne peut bouder le plaisir à la lecture. Si son coup de crayon s’éloigne quelque peu de l’esthétisme originel, il n’en trahit aucunement l’élégance. Ce changement de style se marie très bien avec l’évolution de l’identité du protagoniste principal.
Les Humanoïdes Associés nous livrent incontestablement le meilleur opus de la série avec, pour la première fois, une modernisation de l’univers et du dessin. Bien qu’il soit moins violent que d’habitude, le final explosif laisse le lecteur sur sa faim… Il ne reste plus qu’à attendre impatiemment la suite !
Simon BAERT
Méta-Baron Tome 3 Orne-8 le techno-cardinal
Scénario : Jerry Frissen
Dessin : Niko Henrichon
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
64 pages – 14 € 20
Date de sortie : 19 octobre 2016
