Trois ans après « Aventine », la Danoise Agnes Obel revient avec un album aux atmosphères cristallines, aux climats en apesanteur, enrobés d’une étrangeté nouvelle. Ensorcelant.
Inspiré de l’expression allemande gläsener mensch, l’homme de verre, en référence à la transparence de chaque individu révélée à travers les réseaux sociaux et de son degré d’intimité, le nouvel album, Citizen Of Glass, de la danoise Agnes Obel, fait la part belle aux climats en apesanteur, enrobés d’une étrangeté nouvelle.
Intégrant de nouveaux instruments tels que le trautonium, ancêtre allemand du synthé aux sonorités cristallines et vacillantes, utilisé par Oskar Sala pour la musique Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock, de mellotron, célesta ou de piano arrangé, Agnes Obel a su étoffer son univers, nous entrainant avec elle dans un monde de douceur en clair-obscur, sur lequel plane sa voix capable de se dédoubler pour prendre des accents masculins à l’image du titre Familiar.
Les cordes sont là, en arrière plan, soutenant les notes de piano, aux phrasés moléculaires et au minimalisme ressenti jusqu’au bout des doigts, faisant fondre l’atmosphère à coups de sonorités tranchantes comme de la glace.
Citizen Of Glass éblouit de par son aura connectée à l’étrangeté d’un monde pris de paranoïa et de repli sur soi-même, tout en s’abandonnant au déploiement d’une intimité des plus personnelles.
Agnes Obel joue avec l’ambiguïté des sens, sur lesquels planent les relents d’un Satie ou d’un Debussy, laissant échapper des fantômes de fond de malle pour accéder à la pleine lumière, déchiquetant avec délicatesse le temps et contractant l’espace, pour nous faire basculer dans un album aux atmosphères cristallines suspendues à des nuages de coton.
Roland Torres
Agnes Obel – Citizen Of Glass
Label Play It Again Sam/ [PIAS]
Sortie : 21 octobre 2016