Il ne faudrait pas limiter Dream Darling, le second disque des anglais The Slow Show à une copie même belle des aînés The National. C’est sans doute au-delà des apparences un immense disque Pop de 2016.
En pop, que l’on soit critique ou auditeur ou les deux car on est toujours un peu les deux, on ne peut s’empêcher de vouloir apposer des étiquettes plus ou moins galantes sur les nouvelles figures. Cela rassure sans doute que de mettre un lien parental même improbable entre tel ancêtre illustre et son rejeton pas forcément naturel.
The Slow Show ne fera pas exception à la règle avec le même jeu des références. Qui les rapprochera de The National ? Qui les rapprochera de Future Islands ? Qui les rapprochera de Prefab Sprout ? Vous, moi, nous…
Et pourtant, malgré ces costumes que l’on cherchera à leur faire porter, The Slow Show résistera. La preuve sans doute d’une singularité en construction. Certes Dream Darling, second disque des anglais n’est pas dénué de défauts mais force est de reconnaître qu’une fois la liste du pour/contre épuisé, on trouve plus de bonnes raisons de l’écouter que de le délaisser.
Côté défauts, on passera rapidement sur la vague illusion de linéarité qui s’estompe toujours plus que l’on s’éloigne de la première écoute distraite. Dream Darling est un album qui se révèle lentement un peu comme les disques d’Elbow, sans doute l’un des groupes les plus sous-estimés de ces dernières années.
Vouloir à tout prix coller l’image de sous The National à The Slow Show, cela a quelque chose d’à la fois insultant et réducteur. Pourtant, c’est vrai qu’en ouverture, Now a les mêmes inspirations que le Runaway de la bande à Matt Berninger.
Une fois cela dit, on pourrait se taire et murmurer « Le procès est dit, la messe est finie » mais chez The Slow Show, il y a quelque chose de moins rêche, de plus cyclothymique comme sur Hurts, sa voix féminine et sa construction en palier qui rappelle le meilleur des Prefab Sprout période Steve Mcqueen.
Il y a chez The Slow Show cette évidence Pop, cette capacité à écrire des putains de bonnes chansons, des refrains qui restent dans les esprits. Prenez Ordinary Lives et cette ambiance qui n’est pas sans rappeler Future Islands, un peu comme si Samuel T Herring parvenait à maîtriser sa folie.
On ne pourra délaisser non plus cette capacité qu’ont les anglais à provoquer des frissons avec des petites choses déjà entendues comme l’hymne Dry My Bones pour tous ceux qui ont besoin d’être consolés ou cette merveille construite au piano qu’est This Time.
The Slow Show est un petit groupe modeste appelé à devenir immense, à devenir le grand train qui bat la campagne. Il lui faudra sans doute rejeter quelques erreurs de jeunesse et à trouver dans ses climats une ressource nouvelle qui nous mettra tous à terre.
Dream Darling est un grand disque, il n’est pas encore le chef d’œuvre que l’on sent en gestation dans ces titres comme sur l’élégant et racé Last Man Standing. Sans doute qu’à force de vouloir fédérer autour de son énergie, The Slow Show ne trouve pas encore la pleine mesure de sa splendeur en construction.
Breaks Today annonce l’immense groupe que l’on verra éclore dans les années à venir. Pas un énième groupe Pop éphémère ou une pâle copie des bons copains. On saura être patients, on attendra calmement leur heure. Regardez, écoutez, vous les voyez venir comme moi là-haut sur les collines…
Greg Bod
The Slow Show – Dream Darling
Label : Haldern Pop Recordings
Sortie : 30 septembre 2016