Le hip hop des années 70 fait un retour remarqué dans l’actualité culturelle de cet automne 2016 avec une série, un roman, une compilation et surtout une fameuse BD signée Ed Piskor.
Jamais les débuts du hip hop n’avaient suscité autant d’intérêt et généré autant de productions qu’en cette année 2016. Que ce soit à la télé avec la série The Get Down de Baz Luhrmann, en littérature avec le livre Brûle de Laurent Rigoulet et en musique avec la compilation The Bronx Mixtape (1973-1979), la culture hip hop des origines est omniprésente et s’offre à notre curiosité pour nous faire revivre l’éclosion d’un genre musical né sur les cendres du disco il y a près de 45 ans.
Retour sur la genèse d’un style et d’un son pour revivre les débuts d’une musique très vite devenue un art de vivre et surtout une industrie comme nous le raconte Ed Piskor dans sa bande dessinée Hip Hop Family Tree, publiée dès 2012 sur le site américain Boing Boing et dont l’esprit et la construction rappellent la BD ultime sur l’histoire de la techno, Le Chant de la Machine.
Né quasiment au même moment que le mouvement dont il raconte l’histoire, l’ancien scénariste de l’immense Harvey Pekar a baigné très tôt dans le hip hop qui était très en vogue sur les radios au milieu des années 80. Par ailleurs fan de comics, notamment de Robert Crumb et de la série Love And Rockets, Ed Piskor s’est tout naturellement tourné vers ce style après avoir toutefois envisagé de travailler pour Marvel ou DC Comics.
L’auteur de Wizzywig : Portrait d un hacker en série a construit cet ambitieux projet comme le ferait un documentariste, en accumulant des témoignages de gens qui ont vécu la naissance du rap, en se plongeant dans des documents d’époque, recoupant ses sources pour arriver au final à cette œuvre passionnante, mettant en scène tous ceux qui ont contribué et participé à l’essor du hip hop. On y croisera donc Afrika Bambatta, la Zulu Nation, Grandmaster Flash, RUN DMC et autre DJ Kool Herc, on y parlera Break Dance, MC’s, Graffiti et bien sûr de l’art du Djing qui n’en est qu’à ses balbutiements.
Le résultat est bluffant de précision avec des planches au style vintage, dans des teintes marrons, d’une grande densité tant graphique que narrative, pour une BD qui, du coup, se lirait presque à la vitesse d’un roman.
Les non initiés y perdront peut-être leur latin et trouveront sans doute un peu long ce récit aux allures quasi encyclopédiques, mais pour les autres, pour les passionnés de hip hop, pour ceux qui ont vécu passionnément l’arrivée du mouvement avec Sidney et son émission H.I.P H.O.P, ce livre constituera une lecture plus que nécessaire.
Pour accompagner ce livre, il y a bien sûr une playlist (ci-dessous) concoctée tout spécialement, mais il y a aussi cette compilation qui vient de paraître chez PIAS et qui est en fait la B.O. du roman de Laurent Rigoulet Brûle. Un roman qui a également pour toile de fond la naissance du hip hop dans les années 70. Au menu de cette compil, 16 classiques parus entre 1973-1979 avec Afrika Bambaataa, Grandmaster Flash & The Furious Five, The Sugarhill Gang, mais aussi The Jimmy Castor Bunch, James Brown, Rufus Thomas, Baby Huey et Sly And The Family Stone. Immanquable !
Benoit RICHARD
Hip Hop Family Tree
Scénario et dessin : Ed Piskor
Traduction d’Hugo Ehrhard
Éditions Papa Guédé
12 pages couleur – 26 €
Date de parution : 28 septembre 2016