American Crime Story est une enquête de haute facture, rythmée, incisive, un récit à tiroirs, porté par des acteurs habités et un souffle dramatique retrouvé pour Ryan Murphy.
La nouvelle anthologie de FX, dérivée de la tristement célèbre American Horror Story, enchaîne les records d’audience et les avis élogieux. Plutôt mérité pour une série aux débuts prometteurs. Après Scream Queens, encore douloureux pour beaucoup, American Crime Story est la dernière production de Ryan Murphy et, peut-être, un retour aux sources. Balisée de toutes parts, au marketing redoutable et à la recette aussi réfléchie que percutante, American Crime Story ouvre son volume en reprenant l’un des faits divers les plus incontournables de l’histoire américaine : le procès de la star du football, O.J Simpson, accusée puis finalement acquittée du meurtre de son ex-femme Nicole Simpson.
Pour une histoire aussi culte, la production n’a pas lésiné sur les recrues. Sarah Paulson, John Travolta, David Schwimmer, Connie Britton , Selma Blair, et Cuba Gooding Jr dans le rôle titre. Si ces guests apportent en majeure partie à la série un charisme incontesté, la procureur jouée par Paulson est impeccable d’autorité, il faut parfois s’appesantir du jeu hystérique de Cuba Gooding Jr, visiblement en quête de sacre pour ce rôle. Ou pire encore, celui de Shapiro, l’avocat du footballeur, joué par un John Travolta désincarné, lifté comme une housewife du New-Jersey.
Pour autant, la série se déroule sous d’heureux auspices. Tout au long de la saison, des épisodes haletants, serrés, retranscrivent l’histoire de ce fait divers, ils la recrée parfois, l’amplifie, la joue surtout, superbement, dénués de cette ironie habituelle chez Murphy. Caméra profonde et ambiance sobre, Ryan Murphy a fait peau neuve. Ici, ce mégalomane accusé de tous les maux, tyran de starlettes susceptibles, profiteur, piètre créateur incapable d’aligner deux bonnes saisons à la suite, montre qu’il reste un producteur à la vision redoutable. Preuve en est, American Crime Story retrace avec force une histoire connue et assénée depuis vingt ans sans jamais ennuyer. Sans tomber dans la redite.
Au contraire, la série mise sur une poignée de personnages forts, ambitieux et passionnés et reconstitue l’histoire avec une précision dramatique, ne s’égarant jamais. Juridique, politique, cette histoire est aussi celle des riches et des puissants, des afros et des laissés pour compte. On retrouve bien sûr, par l’entremise de Robert Kardashian, avocat et ami proche d’O.J Simpson, quelques clins d’oeil appuyés au clan des Kardashians – les réalisateurs prenant un malin plaisir à montrer les bêtises de Kourtney et Khloé durant les funérailles de Nicole Simpson ou encore la chambre de Kim comme possible scène de suicide –. Mais plus que ça, la série recrée une époque à plusieurs visages, entre les conflits interraciaux du début 90, le traitement médiatique d’une star déchue et une enquête judiciaire complexe, suscitant à la fois l’indignation et le soutien de tout un peuple. Autant d’enjeux rassemblés et de pierres aussi fictionnelle qu’historiques.
Julien Dufresne-Lamy
American Crime Story – The People v. O.J Simpson
Série US créée par Larry Karaszewski, Scott Alexander
Avec : Cuba Gooding Jr, Sarah Paulson, John Travolta, David Schwimmer, Connie Britton , Selma Blair…
Genre : Drame, Judiciaire
10 épisodes de 42 minutes
Première diffusion US sur FX en février 2016
Première diffusion Française sur Canal+ en novembre 2016