On a forcément oublié plein de monde mais on a mis ceux qu’on aimait le plus. Bref, on a fait un top album pour 2016. Et pour l’anecdote, c’est Chevalrex qui a été le plus cité par les rédacteurs.
(sans ordre de préférence)
Chevalrex – Futurisme
Futurisme est l’album de l’ambiguïté post-adolescente, où l’enfance est rejetée mais omniprésente, regardée au passé car pensant au départ, où la bêtise indigne encore, où l’amour et la colère se mêlent en des sentiments imparfaits. C’est un objet à la fois touchant et cinglant, terriblement intelligent, dont la poésie est mise en exergue par des productions pop et symphoniques, d’où résulte l’évidence des tubes. (Vietnam/Because) – Chronique – spotify
Weyes Blood – Front Row Seat to Earth
Natalie Mering nous envoûte le temps d’un album au lyrisme absolu, où les époques se mélangent en un folk finalement intemporel. Chaque morceau est une trame multimélodique, un voyage bouleversant et viscéral que l’auditeur suit et qui ravit. (Mexican Summer) – Chronique – bandcamp
Frustration – Empires Of Shame
Depuis quinze ans les Frustration nous régalent de leur post-punk hyper ciselé. Ils reviennent à la charge en cette fin 2016 avec Empires Of Shame, plus rock que jamais, tout en grattes, en cris et en puissance. Violemment rétro et malgré tout d’une actualité fracassante. (Born Bad Records) – Chronique – Bandcamp
Lambchop – Flotus
Toujours dans le souci du détail, Lambchop est un peu l’archétype du groupe qui laisse l’impression au plus impatient de toujours faire le même disque. Avec Flotus, La bande à Kurt Wagner révolutionne son univers à grands coups d’Autotune. Flotus, l’album qui divise, qui interroge et qui interpelle. (City Slang) – chronique – Spotify
Pascal Bouaziz – Haikus
On l’avait quitté avec le sombrissime et industriel Bruit Noir. On le retrouve avec un Folk faussement apaisé. Une fois encore, il prouve toute l’étendue d’un talent immense. Assurément l’un des plus grands paroliers actuels français. (ici d’ailleurs) – chronique – spotify
Andy Shauf – The Party
Sans conteste l’album pop le plus fin et délicat de l’année, voilà une « party » qu’on n’est pas prêt de déserter. Orchestré par le discret orfèvre canadien Andy Shauf, une fête mélodique et instrumentale de tous les instants, entre XTC et les High Llamas, où la mélancolie neurasthénique le dispute à l’euphorie pop. Régal doux-amer à consommer sans modération. (Anti) – chronique – bandcamp
Max Jury – Max Jury
Catégorie jeune espoir pop U.S., le jeune gandin Max Jury a rempli son contrat haut la main : soul, gospel, folk et pop au solide songwriting estampillé 70’s façon Randy Newman ou Harry Nilsson s’y mêlent harmonieusement en un chatoyant kaléidoscope illuminé par son timbre juvénile. Du beau boulot, Max. (Marathon Artists / PIAS) Spotify
Paul Winslow – Sueño Playa
Officiant à mains nues avec deux bouts de ficelles et la foi du charbonnier pop, le frenchie Paul Winslow est pourtant l’auteur de la plus belle machine rétro-pop de l’année. Épatant concept dream gorgé de soleil où les Beach Boys copinent avec MGMT, un deuxième album comme un miracle de perfection pop vintage dans un paysage français peu coutumier du fait. Noël avant l’heure. (autoproduit) – Bandcamp
Radiohead – A Moon Shaped Pool
Sans prévenir personne et s’affranchissant de tout le tralala promotionnel habituel, Thom Yorke et sa bande ont livré début mai 2016 leur neuvième album. L’un des plus beaux pour un groupe qui a trop souvent sacrifié sur l’autel de l’exigence et de l’expérimentation une musique qui ne demandait qu’à respirer l’air de la pop et à vivre modestement. (XL Recordings) – chronique – Spotify
Car Seat Headrest – Teens of Denial
Teens of Denial est un véritable condensé d’énergie, une claque rock qui, tout en s’inspirant des classiques du genre, fait preuve d’une grande liberté dans sa composition. A la fois immédiat et irrésistible, il dévoile de nouvelles facettes à chaque écoute. Jouissif ! (Matador) – Spotify
Papooz – Green Juice
Produit par le désormais incontournable Ash Workman (Metronomy, François & The Atlas Mountains), Green Juice, le premier album du duo parisien Papooz, est un petit bijou de pop anglaise et de folk ensoleillée, enregistré au Cap Ferret dans les conditions du live. Résultat: une énergie palpable et une poignée de chansons sentimentales qui sonnent déjà comme des classiques du genre. (Half Awake) Spotify
David Bowie – ★ (Blackstar)
LA grande joie et LA grande tristesse de l’année, ce fut ton ultime album, cher David. À peine acclimaté à cette aventure musicale aux confins du jazz contemporain et du post-rock, une euphorisante équipée aussi expérimentale que lumineuse co-pilotée par ton complice Tony Visconti et le saxophoniste Donny McCaslin, qu’on apprenait ta brutale disparition. Glaçante douche froide dont on peine à se remettre ainsi qu’une scène musicale semblant désormais bien vide. Blackstar ou le flamboyant – et bouleversant («I’m dying to» sur Dollar Days) – testament musical conçu comme le lever de rideau mortuaire dressé de son vivant par un artiste fulgurant, insaisissable arlequin du rock dont chaque étape du parcours aura inspiré un courant musical, une légion de musiciens, et tant de mélomanes anonymes. «Look up there, I’m in heaven / Everybody knows me now» sur Lazarus) : cruelles lignes dont chaque jour qui passe mesure la profondeur. Paradoxe final : ce disque de mort et de deuil ultime distille au final une puissante lumière. Celle de l’infinie vitalité de chaque seconde du legs musical de celui qui fut l’unique Ziggy Stardust et sans l’ombre d’un doute l’un des plus grands créateurs d’un XXème siècle désormais enfoui. « I’m (not) happy / Hope you’re happy, too, David”… Maigre consolation : il nous reste encore toute notre vie pour célébrer ton œuvre.(Columbia) – Spotify
Félicitations au rédacteur sur David Bowie quel bel article