A la suite d’une commande du label monopsone au photographe Stéphane Merveille, Orso Jesenska, Matthieu Malon et Erik Arnaud ont été invités à présenter chacun 6 chansons dont deux reprises.
Orso Jesenska – Les Variations d’Ombre
Quel rapport entre le solaire premier disque ou l’étrangeté liquide d’Effacer la mer ou encore l’intranquille Variations d’une ombre ? Sans doute ce mélange entre classicisme en trompe l’œil et les dérives. De Forêt en ouverture à Paysages accompagné d’un piano cristallin et fugueur mais aussi de Claire Vailler (Midget), Le marseillais n’a que faire des frontières et sait aller puiser avec une chaleur méditerranéenne d’un Vinicio Capossela, dans les merveilles transalpines comme ce Seminatori di grano du regretté Gianmaria Testa ou encore la matière volatile que l’on retrouve dans Terrier ou le sublime Dans le vent du soir. Un disque qui ressemble à un frisson telle cette merveille de reprise d’Hoagy Carmichael qu’est Winter moon. Remonte alors les vieux souvenirs de nos enfances, ces petits instants de grâce alors que nous regardions Fort Alamo et que pour la première fois, nous entendions les notes de The Green Leaves of Summer par Dimitri Tiomkin, cette évidente mélancolie inexplicable et que nous ne voulions surtout pas expliquer car les plus belles choses n’ont pas de raison d’être, elles sont et c’est bien assez.
Erik Arnaud – Golden homme
Pour beaucoup, Erik Arnaud restera pour toujours l’auteur d’Amerik, cet album important de l’année 1998, sorte de petit frère du #3 de Diabologum paru deux ans plus tôt. Un disque de rock français, sec, sombre et rageur à une époque où l’on emmerdait franchement la chanson française…. comme quoi les choses ont bien évoluées depuis.
Aujourd’hui, Erik Arnaud fait paraitre ce Golden homme Ep à l’invitation de son label, Monopsone, en préambule à un quatrième album à paraître en 2017. Sur ce Ep, on retrouve en version démo le fameux et toujours aussi mordant Ma Chanson Française, mais également des inédits ainsi que deux reprises, dont une étonnante et plutôt réussie version de Tous les Cris Les SOS de Balavoine. C’est du Erik Arnaud pur jus, sans surprise, mais fidèle à son style, et ça fait bien plaisir.
Matthieu Malon – Peu d’ombre près des arbres morts
Alors autant le déclarer d’emblée… Peu D’Ombre Près Des Arbres Morts, comme son nom l’indique, ne respire pas la joie de vivre. Il suinte une mélancolie étrangement autoroutière, mobile donc et presque américaine. Un peu comme la vision pluvieuse d’un parking vide de motel du midwest dans la lueur blême du petit matin à travers la vitre crassouille et embuée de la chambre miteuse au lit défait. La fille est nue sur les draps froissés, son maquillage a coulé, la pièce sent le tabac froid… Voilà pour l’abstrait.
Pour le concret, imaginons le croisement de Daniel Darc, Bashung et Biolay avec les Sister Of Mercy et un hybride de The Cure période Disintegration et pif paf pouf le tour et joué. Dit comme ça c’est plutôt étrange mais ça fonctionne très bien. C’est lent, aérien, synthétique, les guitares sont savamment composées, placées, aussi bien fines et ciselées que très grasses. De la très bonne variété-pop-rock-cold-wave en somme, assez eighties avec en goodies deux reprises Kinder-Surprise qui remettent une couche de nostalgie.
Textes : Greg Bod, Benoit Richard et Stéphane Monnot
Ces 3 EP sont disponibles en disques vinyles 12″ (200 exemplaires) ou en CD, pochette en digisleeve. ). mais également en tirage limité avec en haute qualité des photographies signées par Stéphane Merveille.