Un film un peu long, à la narration inutilement éclatée, qui réserve de belles séquences mais également des scènes plus laborieuses chargées lourdement de sens.
Il est toujours gênant pour le spectateur d’être en avance sur ce que ne sait pas et finit toujours par savoir le héros d’un film. Dans le nouveau film de l’italien Marco Bellocchio, on pourrait dire que l’écart se compte en années, voire en décennies. Pour générateur potentiel d’ennui et de décrochages qu’il constitue, sentiment lui-même renforcé par la longueur du film, il n’est pas non plus un réel obstacle à suivre l’histoire tragique de Massimo qui perd subitement sa mère en pleine enfance. Les années à venir, comme écolier, puis journaliste sportif avant de devenir reporter de guerre, seront l’occasion de rencontres et d’événements qui ne cesseront de raviver ou d’entretenir la douleur et le chagrin.
Le réalisateur de La Belle endormie propose ainsi une narration éclatée entre temporalités et lieux (Turin, Rome mais aussi Sarajevo) dans un dispositif un peu complexe dont on ne saisit guère l’intérêt ou la fonction. Le film réserve tour à tour de magnifiques scènes (la leçon d’astronomie, le rendez-vous nocturne avec un mystérieux joueur de poker) et des séquences plus laborieuses : les deux personnages féminins joués par des actrices françaises pêchent par leur signification et leur lourdeur. Ainsi Emmanuelle Devos est-elle une mère de substitution théâtrale et grandiloquente et Bérénice Béjo un joli médecin au cœur d’artichaut.
Si Massimo enfant et adolescent nous émeut vraiment par sa gravité et sa douleur intériorisée, il semble s’éloigner de notre compassion lorsque devenu adulte, il tourne en rond dans sa souffrance et, du coup, le film se prend au piège d’une complaisance facile et lassante et paraît ne jamais vouloir se terminer.
Patrick Braganti
Fais de beaux rêves
Film Italien, Français de Marco Bellocchio
Avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Guido Caprino…
Genre Drame
Durée : 2h10min
Date de sortie : 28 décembre 2016