Avançant à tâtons sur ses deux premiers albums, le trio Tristesse Contemporaine semble enfin avoir trouvé sa voie, celle empruntée par ESG et A Certain Ratio il y a plus de 30 ans.
Chaque album du trio international Tristesse Contemporaine est une virée nocturne dans les méandres des eighties cold funk qui n’est pas sans évoquer la rencontre entre ESG et A Certain Ratio, auréolé de froideur hivernale à la Joy Division et de pulsations décharnées à la Suicide, réchauffées par la voix de Maik anciennement Mau, chanteur du sous estimé groupe Earthling, dont l’album Radar aura définitivement marqué les années 90.
Avec ce troisième album au compteur, Stop And Start, Narumi, Maik et Léo repoussent les limites qu’ils s’étaient imposées sur leurs deux précédents efforts –Tristesse Contemporaine (2012) et Stay Golden (2013) – se contentant à l’époque de revisiter avec brio une période musicale sans vraiment s’en extraire, jouant sur leurs acquis et non sur leurs réelles compétences.
Il en va tout autrement avec leur nouvelle galette qui, bien que fortement ancrée dans les eighties, voit certaines barrières tomber pour s’inscrire non plus dans le passé mais bien dans le présent et le futur, avec leurs mélodies décharnées et leur soul crépusculaire et mélancolique, aux rythmiques foncièrement entrainantes, au dépouillement habile, aux virgules electro-pop et rebonds electro-rock.
Tristesse Contemporaine semble avoir trouvé sa voie, s’engouffrant dans un tunnel dont eux seuls détiennent les clefs pour mettre en branle des lumières flottantes aux ombres dansantes, jouant avec l’espace-temps construit autour allers retours fixés sur un Stop And Start abrasif, aux architectures squelettiques et hypnotiques. Fascinant.
Roland Torres
Tristesse Contemporaine – Stop And Start
Label Record Makers
Sortie : 20 janvier 2017