Co-fondateur du label Brocoli (qui a fêté ses 10 ans fin 2015) et membre du groupe Minizza avec Geoffroy Montel, mais aussi critique musique aux Inrocks et passionné de cinéma, Franck Marguin nous parle de ses albums favoris.
Janvier 2017
5 disques du moment :
Matthieu Malon – Peu d’ombres près des arbres morts
Un e.p. de 6 titres dont 2 reprises en Français de tubes anglo-saxons et 4 créations. Malon est totalement décomplexé avec la langue française et l’utilise comme si c’était de l’anglais, en la revendiquant, mais sans que le texte prenne le dessus sur la musique. L’équilibre est parfait. Sa musique est une cold-wave nerveuse à la The Cure grande période, mais influencée aussi par tout le post-rock tendance Mogwai.
Simon Fisher Turner – Giraffe
Simon abandonne l’espace d’un instant son label fétiche Mute, pour rejoindre les contrées expérimentales des autrichiens de Mego. Même si toute son œuvre est remarquable, je pense que Giraffe est l’un de ses plus beaux disques. Forcément expérimental, mais toujours avec une infinie douceur, qui correspond bien à l’homme.
Piano Magic – Closer
Un groupe dont personne ne parle jamais, moi y compris, mais qui publie régulièrement de très beaux disques. Le dernier est une très belle réussite, à la fois mélodique, et dans les ambiances qu’il dégage, qu’il suggère. Je suis particulièrement impressionné par un titre, You Never Stop Loving (the One That You Loved), magnifique, qui rappelle les grandes heures de Death in June
Ennio Morricone – Revolver
Je suis un gros gros fan de Morricone et je collectionne patiemment les 500 et quelques B.O.F. (mais aussi ses autres travaux, souvent plus expérimentaux), qu’il a pu sortir. Revolver est la dernière que j’ai achetée, d’où sa présence ici.
Sylvain Chauveau – Post-Everything
C’est le prochain album de Sylvain, qui paraitra au printemps chez Brocoli. Il vient d’être masterisé, on va désormais travailler sur la pochette. L’album est superbe, et après deux disques expérimentaux aux ambiances plus que minimales, Sylvain revient à la mélodie et à la chanson.
5 disques pour toujours :
The Cure – Seventeen Seconds
Mon disque préféré, tous genres confondus, que j’écoute en boucle depuis que je suis gamin (comme tous les disques du groupe sur la période 1979-1987. J’en connais chaque recoin, chaque silence, mais je ne m’en lasse pas. J’aime autant ma vieille version vinyle que le magnifique remastering double CD sorti plus récemment, le boulot a été magnifiquement fait, et c’est bien de passer d’une version à l’autre, ça permet de mieux comprendre ce qu’est le disque, surtout que la production de l’album est capitale, au moins autant que les compositions.
Coil – Horse Rotorvator
Avec The Cure, c’est le groupe que j’ai le plus aimé. J’ai découvert Horse Rotorvator très peu de temps après sa sortie, et c’est une clef de voute de ma culture musicale, l’un des disques qui a tout déclenché. J’ai découvert Pasolini grâce à ce disque, ainsi que Leonard Cohen, comme j’avais découvert Jarry grâce au premier disque de Coil, Scatology. Il y a deux autres disques de Coil que je classe au même niveau que Horse Rotorvator : Musick to Play in the Dark vol. 1 et 2, un dyptique magnifique, qui est sans doute le sommet de la carrière du groupe. Mais Horse Rotorvator est encore plus important dans mon histoire personnelle.
Robert Görl – Mit Dir
Ce disque-ci n’est pas un album, mais un single, sorti en 45 tours et en maxi 45 tours. Mais je l’aime tant qu’il ne peut pas être absent de cette liste. Robert Görl fut le chanteur du duo electro-gay musclé D.A.F et a commis quelques disques en solo. Mit Dir, single ne figurant sur aucun album, est sans doute ma chanson préférée ever, je l’écoute en boucle, tout le temps, quelles que soient les saisons ou mon état d’esprit. Elle correspond tout à fait à ce que je suis, je ne sais pas l’expliquer autrement. C’est une chanson électro, rythmée, avec un beat, mais en même temps extrêmement douce, cotonneuse, au sein de laquelle on prend plaisir à se lover. Et c’est une très belle chanson d’amour…
Nurse With Wound – The Sylvie And Babs Hi-Fi Companion
J’ai une passion folle pour Steven Stapleton et Nurse With Wound, groupe qu’il anime seul depuis bientôt 40 ans (ça file le vertige), s’entourant des musiciens dont il a besoin pour faire avancer l’ensemble. Sylvie & Babs est son œuvre la plus folle : il a demandé à une cinquantaine de musiciens amis de lui envoyer des bouts de bandes, qu’il a remontées et mêlées aux siennes, livrant un grand collage qui convoque Tex Avery et Pierre Schaeffer dans le même bateau. D’apparence bordélique, le disque est super bien construit, c’est une sorte d’orgie sonore d’un humour et d’une impertinence rares.
Talk Talk – The Colour of Spring
Je pense objectivement que Laughing Stock est le meilleur album de Talk Talk, mais The Colour of Spring est encore plus important pour moi. Déjà parce que je l’ai acheté le jour de sa sortie, qu’il me rappelle énormément de souvenirs, mais surtout parce que c’est vraiment l’album-charnière du groupe, celui où l’on entend clairement qu’ils sont en pleine transition, qu’ils passent d’un (bon) groupe de new-wave à des choses plus expérimentales, s’inspirant du jazz, de la musique classique et préfigurant (même s’ils ne sont ni les seuls ni les premiers) ce que l’on n’appelait pas encore le post-rock. J’ai des frissons dès l’introduction rythmique d’Happiness Is Easy, une des plus belles chansons du groupe.