All was Bright… Permettons de douter que tout soit un jour clair pour le collectif d’explorateurs bretons, capables de se remettre constamment en question pour faire évoluer leur rock organique et sensitif.
Bumpkin Island est un groupe passionnant. Depuis 2010, les 6 bretons explorent différentes voies d’un rock sensitif tout en gardant une identité singulière dans le flot des courants qui passent et s’épuisent. Eux ne s’épuisent pas. Ils prennent leur temps, travaillent, inventent. Portés par la voix d’Elie James, leurs prestations live immergent le spectateur dans une énergie électrique saisissante, source de frissons et d’émotions. Guitares et trompette épris d’une épique mélancolie, leurs chansons sont des histoires qui nous hantent.
Malgré cela, les efforts discographiques des Bumpkin Island n’ont pas réussi jusqu’à aujourd’hui à faire la synthèse de leurs facettes multiples. Le superbe et vaporeux Ten Thousand nights sorti en 2013 se tournait plein nord, proche des aurores boréales et des paysages escarpés. Mixé à Reykjavik par Birgir Jon Birgisson, ses chansons lisses et voluptueuses invitaient à rêver, prendre le temps de découvrir leur beauté à travers les détails qui les magnifiaient. L’émotion sans l’électricité, la passion sans le côté saisissant. Mais les bretons sont travailleurs et nous ont offert ensuite les 2 volets de Homework en en 2014 et 2015. La propension au mystère hypnotique s’y affirmait, de même que l’envie de pousser les mûrs pour élargir le spectre auditif.
All was bright vient clarifier un peu plus l’identité du collectif aux oreilles d’un public qui s’élargit un peu plus à chaque sortie. Album bien plus direct, mixé par Thomas Poli (croisé aux côtés de Dominique A, Montgomery ou Laetitia Sheriff), la première écoute accroche notre attention et ouvre plus facilement les portes de son univers hypnotique. Le goût du changement et de l’aventure s’est affirmé, et nombreux sont les partis pris qui nous animent. Notamment le chant masculin, qui passe des chœurs au premier plan. Vincent Chrétien le haut perché émeut sur Siddhartha tandis que Clément Lemennicier porte le plus beau morceau de l’album : Yellow on the sea, magnifique rêverie psychédélique. Les Bumpkin Island laissent à la fois à l’auditeur la possibilité de les suivre en lâchant prise et celle de s’arrêter sur chaque détail.
All was bright n’est toujours pas la synthèse de tout ce que les Bumpkin Island savent faire. Mais c’est une nouvelle pièce du passionnant puzzle qu’est en train de devenir leur discographie. Auditeurs, écoutez All was Bright. Mais revenez aussi sur leurs enregistrements passés et vous découvrirez des aurores boréales, des trompettes épiques et un collectif dont vous attendrez les prochains albums fébrilement.
Henri Tournant
Bumpkin Island – All Was Bright
Label : Patchrock / L’Autre Distribution
Sortie : 3 février 2017
All was bright est superbe !
J’en ai des frissons à chaque écoute ! Merci Bumpkin, continuez