Thomas Fersen rend un hommage au monde rural et paysan avec ce dixième album studio. Travail de la terre, ode à la nature, hymne de nos campagnes. Quand un paysan rencontre une rebouteuse. Ça craque ! Surtout ça swingue et ça donne envie de danser le cha-cha-cha !
Le fantaisiste ? Le trublion ? Vraiment ? Si ces qualificatifs ne sont pas faux, Thomas Fersen a pourtant les pieds bien ancrés dans le réel. Dans les réalités du monde paysan, même ! Notamment avec ce dernier album, véritable coup de queue de vache dans la fourmilière de la chanson française. Les réalités du monde rural transcendées par la poésie de Thomas Fersen, ça réchauffe le cœur. Et ça donne envie de danser ! Non pas la carmagnole mais le cha-cha-cha comme dans la chanson La Pachanga. Ou l’histoire de notre paysan qui fait appel aux services d’une rebouteuse pour lui remettre en place son “dos en vrac“ et ses “reins en compote”. Si au début, “la femme géante“ lui fait un peu peur, il va vite se laisser embarquer dans un cha-cha-cha réparateur et salvateur. La danse adoucit les maux !
Thomas Fersen tire le fil du monde rural. Avec ses hauts et ses bas. Et ses situations cocasses comme la fille du paysan qui décide de faire l’effeuilleuse dans un cabaret new-burlesque dans la chanson finale Big-Bang. Envolées lyriques du quatuor à corde qui accompagne toutes les chansons. Notamment cette dernière aux textes bien sentis. Mine de rien, Fersen parle du monde rural et de ses clichés : “Avant je curais les chaudrons”. L’ascension sociale de la fille du paysan passe par son désir d’aller faire du strip-tease en ville : “Quand j’en sors un, ça leur déboîte les yeux.” Elle la tient sa revanche, ça y est, ils vont : “M’offrir du champagne, à moi la fille de la campagne”. Sous ses airs fantaisistes et débonnaires, Thomas Fersen dresse le constat d’un France rurale qui veut s’en sortir et qui a bien du mal à se défaire de quelques clichés avariés.
Il est rare que le chanteur fasse des reprises mais la chanson Testament du québécois Fred Fortin a très logiquement sa place dans cet album. Un agriculteur acculé au pire laisse un désespéré testament. Les cordes du quatuor sont mélancoliques. Quand la réalité du monde rural, écrite par Fred Fortin, est sublimée par Thomas Fersen. À n’en pas douter, la poésie n’empêche pas le constat social. Si Fersen est un trublion, c’est le trouble du monde paysan qu’il dénonce. C’est le désordre d’une France rurale qui ne se reconnaît plus dans les élites qui la gouvernent. Écoutons les chansons de Fersen pour remettre du baume sur nos blessures politiques. La poésie est un remède 100 % bio ! Surtout celle de Thomas Fersen, l’élégant parisien qui ne joue pas au gentleman farmer mais qui parle des réalités de nos campagnes. En leur offrant un bel hymne via ce coup de queue de vache.
Delphine Blanchard
Thomas Fersen – Un coup de queue de vache
Label : Bucéphale
Sortie : 27 janvier 2017