En pause du groupe The Antlers, Peter Silberman dévoile une nouvelle facette de son talent avec un premier album solo au mysticisme assumé.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Peter Silberman avec ou sans son groupe The Antlers n’en finit pas de chercher de nouvelles textures à travailler encore et encore. Travailler également avec le matériau fiction et réalité, faire du mensonge une réalité. On n’est pas près d’oublier le sublime Hospice et son histoire bouleversante entre mort et amour finissant. Ce que l’on aime chez Silberman c’est sa capacité à se renouveler sans pour autant tout changer, plutôt laisser ici et là quelques points de repère qui tissent une géographie de l’intime, une filiation possible entre lui et nous.
Là où Familiars était orchestré et parfois même presque grandiloquent, Impermanence traverse plutôt des territoires d’épure et de lyrisme maîtrisé. D’un évident mysticisme, ce disque cherche les contours d’une foi qui doit autant au bouddhisme comme ce Karuna inaugural, cette compassion modeste ou encore cet Ahimsa que l’on pourrait traduire par respect de la vie. Le propos chez Silberman est souvent ambitieux sans se tomber dans le lénifiant ou l’intimidant. Il nous guide au contraire avec une émotion toujours sur le fil du rasoir. Ambition ne veut pas dire chez lui complexe et cérébral mais bien plutôt dessiner les traits d’un sentiment.
Il y a aussi chez lui quelque chose du geste du vieux bluesman ou encore du Jazzman. On pensera souvent au vieux Chet Baker à bout de souffle. Mais à l’écoute de Impermanence, si il est un parrainage à trouver, c’est peut-être avec les mélodies à la fois cotonneuses et aériennes de Loren Mazzacane Connors avec sa compagne Suzanne Langille. Cette capacité à chanter des merveilles avec une voix fragile au bord du futile.
Avec Impermanence, Peter Silberman constitue une espèce de chainon manquant entre le Grouper de Liz Harris et l’évidence des Torch Singers. Il y a quelque chose d’éminemment féminin dans la musique du New Yorkais. Une tendresse sans remords ni tension, une petite chose que l’on entend ou pas.
Peter Silberman chante aussi un New York apaisé que l’on imagine au petit matin, la vie qui reprend son cours, les premiers chants d’oiseaux. Il faudrait aussi faire remarquer cette voix singulière, souvent perchée dans les sommets. Il sera difficile de cacher un frisson à l’écoute d’un titre comme Maya. On assiste à la lente dilution d’un être, à la décomposition nécessaire pour mieux revenir à soi.
Greg Bod
Peter Silberman – Impermanence
Transgressive / PIAS
Sortie le 24 février 2017
Peter Silberman en concert à Paris le 24 avril au Pop Up du Label