Après le subtil Opening, Superpoze propose un second album plus minimaliste que le précédent, mais d’une platitude étonnante, sans émotion, ennuyeux.
Le « petit génie » de l’électro à la française Superpoze revient avec un second disque qui se veut comme la réunion entre le meilleur de Richard Clayderman et le pas pire d’André Rieux. A la base du projet, des lectures, des visionnages autour de la fin du monde qui amène ce For We The Living vers une certaine idée de ce que peut être la catastrophe du seul point de vue musical.
Soyons clair, d’entrée de jeu, nous n’avons rien contre Superpoze, ce projet mené par le seul Gabriel Legeleux. Le problème, car il y a quand même un petit problème, c’est que le jeune homme est présenté, à sa décharge et sans doute à son corps défendant, comme un grand génie en devenir de la musique. On ne s’expliquera pas pourquoi alors sa musique nous laisse aussi indifférent avec ses effets de manche entendus ailleurs et parfois en mieux. Ce n’est certes pas désagréable ni même abrasif, c’est gentiment charmant, sans plus. Une musique neutre sans saveur qui pioche allègrement dans le répertoire de la scène underground. Un titre comme Signal par exemple rappellera le Jon Hopkins d’Open Eye Signal. Ce n’est pas du plagiat ni même de la copie floue, non, c’est presque pire que cela, c’est de la paresse pure.
La presse et les radios nationales nous promettent de belles odyssées intérieures mais on entend tellement un Aphex Twin dilué pour plaire à la ménagère de moins de cinquante ans, à la grand-mère au coin de la rue qui nourrit les pigeons avec des petites boulettes de pain rassis. Bien sûr, il y a le piano aérien, jamais très éloigné du génie d’un Clayderman même pas sous ecstasy. C’est triste tellement c’est banal, affligeant tant c’est lisse. Et puis, pour faire son artiste underground, on concasse un peu la mélodie et on rajoute du vocoder, un peu de Hip Hop. Le problème c’est que l’Azur de Superpoze ressemble plus à une vue du parquet qu’aux éthers promis. Bon allez, on continue dans le voyage céleste avec un Thousand exploding suns pire que le pire du pire de Jean-Michel Jarre. Gabriel Legeleux serait-il un André Rieux 2.0 car là où passe Superpoze, l’inventivité trépasse.
On aimerait sauver des parcelles de cette expérience navrante qui ressemble finalement à un pensum. On retrouvera sûrement On The Mountain Top et son piano romantique en illustration d’une émission de TF1 car cela reste peut-être le seul intérêt de cette musique-là, son caractère illustratif. Vous savez, ces musiques dans les ascenseurs que l’on entend sans les retenir, qui glissent et disparaissent. Comme nous sommes des gens cléments et généreux, on reconnaîtra un certain sens de l’épure et un début de début de début (…) de chair de poule ressenti à l’écoute d’Hidden mais cela reste maigre sur la durée d’un disque à la fois court mais pas assez. Bien sûr, on a droit au morceau chanté avec Dream Koala, ce Photograph largement inspiré des œuvres poignantes d’Olafur Arnalds avec Amor Dan, tant sur le splendide For Now I Am Winter que dans la B.O de Broadchurch.
A l’écoute de la mièvrerie de The Importance Of Natural Disasters, on aurait bien envie de conseiller au « petit génie » Gabriel Legeleux d’aller fouiner dans la discographie de Virginia Astley ou de Nils Frahm pour se faire un début d’idées de ce à quoi peut ressembler une rêverie en musique.
Soyons clairs, nous n’avons absolument rien contre ce garçon. On lui souhaite juste de laisser grandir un peu sa musique et peut-être de cet exercice de maturation naîtra, enfin et on le souhaite, un embryon de plaisir.
Greg Bod
Superpoze – For We The Living
Label : Combien Mille Records
Sortie le 24 février 2017