Le rock cinématique de Grails fait encore des merveilles sur ce nouvel album d’un amplitude et d’une beauté sidérante.
Et si Grails faisait partie des secrets les mieux gardés du rock indé actuel ? C’est en tout cas l’hypothèque l’on peut émettre à l’écoute de ce nouvel album du groupe de Portland, ample, généreux, obsédant, sinueux et qui a la faculté de couvrir un spectre musical très large tout en gardant une certaine unité. Bien malin celui qui arrivera à faire entrer ce Chalice Hymnal dans une case.
Un disque qui aura mis du temps à arriver. Il faut dire que la plupart des membres du groupes œuvrent dans des projets annexes (OM, Holy Sons, Watter, ou encore les excellents Lilacs & Champagne) et dont Grails constitue finalement une synthèse quasi idéale du son et du style développé à travers ces différentes entités.
Avec Chalice Hymnal, On pourra parler, pour commencer, de rock instrumental, d’un rock qui fait resurgir les fantômes du rock progressif psychédélique des années 70 – Hawkwind, Camel… j’en passe et des plus obscurs… – avec une touche Stoner Metal et même des moments ambient à aller chercher, pourquoi pas, dans les passages les plus glauques du Endtroducing de Dj Shadow et par extension dans des BO de films des années 70 ou 80 ou encore dans les albums de David Axelrod.
Vu comme ça, il y a de quoi y perdre son latin, mais à l’écoute de Chalice Hymnal c’est une toute autre affaire. Le groupe de Portland parvenant à digérer toutes ses influences avec une maîtrise incroyable, laissant apparaitre au fil des titres l’esquisse d’une BO de film SF vintage à l’image de After The Funeral, dernière pièce de l’édifice, aux allures de mini-symphonie, qui vient clôturer en beauté cet album imposant et majestueux.
Si la musique de Grails a longtemps parue complexe et ardue, elle se veut ici plus ouverte et plus atmosphérique que jamais et, espérons-le, permettra au groupe de faire connaitre au plus grand nombre la beauté et la grâce de son style aux allures cinématiques.
Benoît RICHARD
Grails – Chalice Hymnal
Label : Temporary Residence / Differ-Ant
Sortie : 17 février 2017