L’Américaine Pharmakon poursuit ses expérimentations dans un nouvel album qui va encore sortir l’auditeur de sa zone de confort.
L’américaine Margaret Chardiet déambule depuis 10 ans sous l’alias de Pharmakon, tordant le drone sous des assauts de fuzz et de noise, composant des titres industriels compulsifs emprunts de combats internes et d’agressions externes.
Si, sur son précédent album, l’excellent Bestial Burden, elle faisait référence à une série d’interventions chirurgicales qu’elle venait de subir, avec Contact elle dissocie le corps et l’esprit, forme de transe où l’immatérialité de l’âme touche les profondeurs de la chair, dissociation/fusion entraînées par un état de catatonie flirtant avec les limites de l’extrémisme bruitiste.
D’une certaine manière, Contact est moins agressif et presque plus « apaisé » que par le passé, jouant sur des strates en élévation, appuyé par des tensions incessantes crées par les vocaux hurlés de Pharmakon, cherchant à sortir l’auditeur de ses zones de confort. La violence est ici source de réflexion et non de retranchement, exorcisme d’un monde charnel dénué d’omniscience qu’il serait temps de ré-associer pour prendre pleinement conscience de l’autre, ce chemin passant immuablement par soi-même.
Contact bouscule de par sa froideur et son minimalisme gorgés de rouille, odyssée dans les limbes de notre quotidien, où le drone devient un bourdon cinglant d’une civilisation en quête de paix, ce long chemin passant inévitablement par l’asphyxie de notre chair pour s’extraire vers des strates plus hautes, gorgées d’acceptation et de pardon, de douleur et de consolation. Vital.
Roland Torres
Pharmakon – Contact
Label : Sacred Bones / Differ-Ant
Sortie : 31 mars 2017