Marqué par la perte de proches, l’ex-Pavement Scott Kannberg nous livre un album tout en finesse et en questionnement existentiel.
Parmi les cinq membres de Pavement, Spiral Stairs alias Scott Kannberg, est celui qui a le plus souffert, artistiquement parlant, de la séparation du groupe culte des 90’s, qu’il avait fondé avec Stephen Malkmus. Après la réformation de Pavement en 2010, le temps d’une tournée mondiale et à quarante balais bien tassés, il décide de se reprendre en main. Déménagement en Australie, priorité à sa nouvelle vie familiale, Scott entreprend l’enregistrement d’un nouvel album. Le décès de son ancien ami et batteur de Preston School Of Industry – sa formation post Pavement – agit tel un électrochoc. Il revoit sa copie, redéménage à Los Angeles avant de s’établir au Mexique, et aborde l’écriture sous un nouvel angle. Il s’entoure de gens biens, issus de formations telles que Broken Social Scene, Grandaddy ou The National pour l’écriture de son nouvel album.
A l’écoute des dix titres de Doris and the Dangers, la bonne surprise provient du chant. Il est assumé, sur disque en tous les cas, et ne cherche plus à s’imposer dans des registres mal maîtrisés. Scott a trouvé la formule qui fait de lui un chanteur et non un guitariste qui chante. Questions influences, il redécouvre Lloyd Cole & The Commotions, replonge dans les disques de Roxy Music et ceux des Go-Betweens sans pour autant cesser d ‘écouter ses deux groupes favoris : The Clean et Echo & The Bunnymen.
En ouverture Dance au groove laid back, annonce un refrain entêtant et une structure pop en tiroir. Dundee Man renoue avec des guitares entendues chez Teenage Fan Club pendant que les Converse décollent du bitume sur le tube Emoshuns, à la mélodie imparable. Fluides et cool, ces trois titres renouent avec les 90s mais sans nostalgie. Sur le reste de l’album, Spiral Stairs déroule tranquillement une suite de titres légèrement Indie folk-pop, à apprécier dans sa décapotable, clope au bec avec les kids à l’arrière. Les textes moins imagés qu’a l’accoutumé, reviennent sur ces petites choses de la vie courante, de l’amour aux siens, de ses enfants, d’harmonie dans sa vie de jeune cinquantenaire et de disparitions de proches. Quelques interventions de cuivres et de saxophones viennent étofferThe Unconditional et Trams pendant que No Comparison s’aventure vers des sons électroniques psychédéliques inédits. Nous retrouvons peu de référence à Pavement si ce n’est le bordel caractéristique sur Doris and the Daggers, dernier titre de l’album.
Vétéran de l’Indie rock, Spiral Stairs s’est montré à la hauteur des attentes avec toujours cette envie de bien faire. Le soleil austral lui aura donc pas mal réussi.
Mathieu Marmillot
Spiral Stairs – Doris and the Daggers
Label : Domino
Sortie : 24 mars 2017