Le « OK Computer » de Radiohead ressort en version augmentée… Pour se souvenir d’un disque de rock tortueux et fascinant sorti il y a déjà 20 ans.
II y a 20 ans sortait un album qui allait quelque peu brouiller les cartes de la musique indé. En pleine période post-grunge, alors que la brit-pop commençait sérieusement à s’essouffler, Radiohead sortait un troisième album d’une ambition folle, sans single FM apparent, rempli de titres longs et alambiqués, dont le toujours aussi génial Paranoid Android. Un cauchemar pour une major, une aubaine pour les fans d’indie-rock en quête de nouveauté et surtout de renouveau.
Alors que le disque aurait pu déconcerter le public et les fans de Radiohead – déjà nombreux après le succès de The bends – voire subir un échec commercial, OK Computer fera finalement un carton et entrera dans l’histoire du rock et sera même sacré « meilleur album de tous les temps » par le magazine Q.
Sorti le 16 juin 1997, OK Computer était dévoilé en live 15 jours plus tard aux Eurockéennes de Belfort. Aux côtés des grosses machines de l’époque telles que Smashing Pumkins, Noir Desir ou Placebo (…il y avait aussi Supergrass !), Radiohead assura un set d’anthologie, d’une intensité incroyable, qui mit très vite tout le monde d’accord, malgré pourtant une foule venue en majorité entendre des hymnes de stades comme Creep ou High and Dry et qui ne connaissait pas encore ou peu l’album.
Aujourd’hui, Radiohead et son label XL Recordings ressortent Ok Computer en double album avec 23 morceaux, dont huit face B et surtout trois inédits (Man of War, I Promise, et Lift) sous le nom OK Computer OKNOTOK 1997-2017.
Avec le recul, l’album reste, encore aujourd’hui, dans sa grande majorité « plus qu’écoutable ». Les gémissements de Thom Yorke continueront sans doute d’en agacer beaucoup. Pour les autres, OK Computer restera une production d’une ambition folle, un disque de malades, à l’image de ses géniteurs, Thom Yorke et Jonny Greenwood, déjà prêts à l’époque à toutes les expérimentations possibles et à remettre en question la beauté facile de The Bends pour finalement accoucher de cet album protéiforme que l’on pensait être un aboutissement et qui sera lui aussi balayé d’un revers de main, trois ans plus tard, par un autre monstre nommé Kid A.
Benoit RICHARD