Comment réagit-on quand on vient d’être papa pour la première fois et qu’on découvre que son fils est autiste ? C’est ce que raconte Yvon Roy avec ce récit touchant et lumineux contre la fatalité.
Marc vient d’avoir son premier fils, ce qui fait de lui un père comblé. Mais Olivier grandit et ses parents se rendent compte que quelque chose cloche. Tel un éclair dans un ciel d’azur, le diagnostic tombe : Olivier est autiste. Leur couple n’y survivra pas, mais Marc a conservé avec son ex-femme une bonne relation, ce qui va leur permettre d’extirper leur fils de sa cage de verre à coup de « petites victoires »…
Julie Dachez nous l’avait expliqué dans La Différence invisible, paru il y a un an chez Delcourt, l’autisme peut recouvrir plusieurs formes. Elle-même décrivait de façon « humoristique » le syndrome Asperger dont elle était atteinte. De la même façon, Yvon Roy a choisi de traiter ce récit autobiographique sur un mode léger et sans pathos, alors que contrairement à Julie Dachez, l’autisme de son fils était beaucoup plus aigu au départ, menaçant gravement son équilibre psychologique et par ricochet son adaptation sociale.
Avec sobriété et une certaine dose de poésie, l’auteur québécois nous narre son expérience en évitant l’auto-apitoiement, ce qui est déjà fort appréciable. En outre, son témoignage va à l’encontre de tous les clichés sur l’autisme, démystifiant gentiment les méthodes éducatives prétendument adaptées du milieu socio-médical.
A force d’abnégation et de courage – et il en fallait pour affronter les crises récurrentes de son fils -, le père, refusant de se résigner, réussit progressivement à briser, avec son intuition créative, la cage de verre dans laquelle la chair de sa chair semblait devoir être cloitrée à vie. Son récit pourrait fort bien faire référence et redonner espoir à tous les parents dans le même cas. C’est magnifiquement raconté, les personnages et les situations sont justes. Petit à petit, on voit Olivier prendre goût à la vie, et parallèlement le redonner à son père, plus vivant que jamais, ravi d’apprécier enfin une complicité inattendue avec ce fils différent et néanmoins attachant. Le dessin, sobre et délicat, traduit bien l’état d’esprit du narrateur.
Les Petites Victoires constituent un récit revigorant, une admirable leçon de vie qui prouve qu’il n’y jamais de fatalité face à ce type de situation, et par la même occasion, nous fait relativiser, nous les « bien-portants », nos petits tracas du quotidien.
Laurent Proudhon
Les Petites Victoires
Scénario & dessin : Yvon Roy
Editeur : Rue de Sèvres
160 pages – 17 €
Parution : 10 mai 2017
Les Petites Victoires – Yvon Roy – Extrait :
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Comparer la bande-dessinée de Julie Dachez à une bande dessinée où un père abuse de son fils… Cela me rend malade…
S’il vous plaît, renseignez-vous avant de faire de la publicité pour une œuvre aussi dangereuse pour nous, autistes. Il y a le #BOYCOTTLesPetitesVictoires sur Twitter, allez lire ce qu’on y poste, s’il vous plaît.
Ne faîtes pas passer Les Petites Victoires pour une œuvre saine, des autistes meurent du comportement d’Yvon Roy vis-à-vis de son fils. (indirectement puisque c’est par le suicide, mais cela n’excuse rien)
Votre commentaire me rend perplexe vis-à-vis d’une œuvre qui pour moi n’a absolument rien de malveillant, et ne fait que raconter le témoignage d’un père désemparé, qui ne cherche qu’à comprendre et à communiquer avec son fils, juste par amour, ce qui semble pour le moins légitime. Peut-être pourriez-vous nous expliquer pourquoi à vos yeux, ce père est un tel monstre et qui plus est, se lance dans une dangereuse propagande pour pousser les autistes au suicide ? Avez-vous essayé de joindre directement son auteur ? Merci de nous éclairer, nous les « normaux » imbéciles ?
Bonjour Monsieur Proudhon,
Désolé, je venais de sortir de ma lecture, j’étais peut-être un peu trop énervé.
Ne pas comprendre ce qu’il y a de problématique dans cette bande-dessinée ne fait en rien les neurotypiques des personnes « imbéciles » tout d’abord. Il s’agit simplement d’un manque de connaissance. Un manque de savoir n’est en rien comparable à de la bêtise, tant que l’on n’est pas mené à parler d’un sujet sur lequel on manque d’informations. =)
Désolé, je vais superposer mon vécu un peu. Mais c’est un vécu de concerné.
Le premier problème de cette bande-dessinée, c’est que l’on part d’un père qui, dans la BD, envoie balader tous les documents que les spécialistes lui donnent pour s’occuper de son fils. Certes, certains peuvent être nocifs (cf la méthode ABA, très critiquée par les parents d’enfants autistes et les autistes qui l’ont subit eux-même : https://www.youtube.com/watch?v=PEhlSPB9w7Y. Méthode plus ou moins utilisée par Yvon Roy dans la BD inconsciemment)… Mais ici, il s’est débarrassé de toute documentation. Il a décidé de faire à sa sauce, en total improvisation. Or, il s’agit d’une méthode dangereuse. Et là, oui, c’est bête.
Le fait est qu’il impose parfois des choses dommageable à son fils. Il lui impose notamment des câlins, alors que pour beaucoup de personnes autistes, il s’agit de quelques chose de douloureux (ici l’enfant pleure, mais il peut aussi y avoir des spasmes, de la tétanie etc.). C’est un contact qui est douloureux pour Olivier, mais son père l’y contraint. Il y a plusieurs problèmes à cela : il nie le principe de consentement, il fait souffrir son fils, et il le justifie parce que lui en a besoin et incite ainsi à son fils à interner ses souffrances. Quand j’étais enfant, ma maman m’avait fait cela aussi, et j’ai appris à arrêter de pleurer et de me débattre lorsqu’elle m’enlaçait. Le problème est que je fais mes crises de manière « interne », cela me fatigue énormément, et j’en souffre toujours autant. Pourtant, extérieurement, on félicite ma maman d’avoir été capable d’en arriver là, parce que je n’ai pas l’air de souffrir. (sauf que les shutdown et les meltdown s’enchaînaient à cause de choses banales comme celles-ci) Le fait est que les câlins ne sont pas essentiels, on n’a pas à les imposer. De même que la bise. On peut se contenter de dire bonjour, ou de faire coucou. Ce n’est pas « malpoli », quand quelqu’un a un rhume, on le tolère très bien.
La technique de la poussière dans le bain ne m’a pas posé de problèmes, même si d’autres autistes, et d’autres parents d’enfants autistes la critiquent. Je pense que c’est parce que le père déclenche volontairement des crises. Toutefois, je vous invite à regarder cette vidéo, où au début, les vidéates en parlent : https://www.youtube.com/watch?v=ou2ZPCHKBs4
Il y a aussi sa manie de chasser tous les rituels de son fils, rituels très importants pour l’équilibre d’un enfant. D’ailleurs, même les enfants non-autistes en ont, et se vexent qu’on les leur enlève. Ici, il en défait toujours son fils, et joue avec ses limites. Encore une fois, il déclenche lui-même des shutdown (des périodes de stress internées, où l’individu a besoin de se reposer, au risque de partir en crise). Or, il a lui-même des rituels, qu’il impose à son fils, mais pas question de les changer ! La logique ?
Il compare plusieurs fois son fils à un objet.
Il compare ses ressentis de non-autiste à celui de son fils autiste. Or, ils ne sont aucunement comparables. Je suis incapable d’exprimer certaines choses que je perçois en tant que personne autiste auprès d’autres qui ne le sont pas. Et cela marche inversement. Nos ressentis peuvent se recouper, mais ils y a des choses qui entre nous demeureront jamais qu’un espèce de langage inconnu auquel aucun traducteur ne peut venir à bout. Ne pas comprendre cela, c’est quand même un peu dangereux.
Il parle de faire le « deuil » d’un fils normal. C’est un terme ultra-violent, qui pousse les handi’ le lisant à culpabiliser. Mes parents ont tenu des propos semblables, et les voir dans un livre validé par une maison d’édition m’a fait un effet monstrueux. Olivier n’est pas mort. Il est là. C’est un gamin formidable, il voit et ressent juste les choses différemment, et il faut le respecter dans sa différence. Quand on vous jette à la face que vous êtes une déception tout le temps, qu’on parle de « deuil » de l’enfant espéré, on sous-entend que vous êtes indésiré, que vous êtes une malédiction. Considérer qu’avoir un fils autiste c’est faire un deuil, ce n’est pas sain.
L’auteur se fiche pas mal du ressentit de son fils (il essaie de « briser des murs », et au final, il finit par se dire qu’il comprend tout ce que son fils ressent, alors que ce n’est pas comparable). C’est la normalité en priorité. Il parle un moment d’abandonner la projection de ses espérances même utopiques pour un enfant neurotypique, mais il continue tout le long du livre à le faire. C’est beaucoup une histoire de « Mon fils ne pourra pas faire »… Et donc, les qualités de son fils..? Ce qu’il sait faire mieux que les autres..? Très encourageant pour Oliver et le lectorat handicapé.
Il oblige son fils à le regarder dans les yeux. Sous forme de jeux… C’est quelque chose que les neurotypiques ignorent, mais les trois-quart des jeux sont inconfortables pour nous. Regarder dans les yeux c’est angoissant, être rapide c’est impossible avec notre coordination foireuse, attraper un ballon et jouer à la marelle, c’est aussi compliqué… Mais on inculque aux enfants que le jeu est drôle, et même s’il n’est pas drôle pour nous, on nous dit que ça l’est quand même. On rentre dans le mimétisme, on essaie de s’adapter, mais ce n’est toujours pas amusant. Et dans l’histoire de regarder quelqu’un dans les yeux sous forme de jeu, c’est tout pareil. On le fait, parce qu’on est obligé, on a peur de se faire gronder alors on rit et on obtempère, mais ça ne change rien à l’angoisse derrière.
Il dit que son fils ne pourra sûrement jamais avoir de petite-amie (spoiler : faux). C’est quelques choses que mes ami.e.s autistes et moi-même avons entendu. Cela ne nous a pas empêché de sortir avec quelqu’un de non handicapé (d’ailleurs, pas forcément quelqu’un du sexe opposé *tousse*). C’était juste une relation différente. Moins de contact physique, pas de cinéma, plus de balades à la campagne qu’en ville, pas de fêtes foraines, mais voir des films avec le sons bas sur le canapé, des parties d’échecs, des discussions tranquilles à deux sur des sujets divers etc. A propos de ça, Margot de Vivre Avec a fait une vidéo sympa (elle parle plus précisément du handicap physique, mais cela compte aussi pour les autres) : https://youtu.be/Ciyc27SVpp0
Le père parle aussi qu’il n’arrive pas à dire que son fils est fantastique. Mais pourquoi ? Parce qu’il est autiste ? Merci la culpabilisation des personnes autistes. Il peut avoir peur de mal faire, il peut avoir peur du regard des autres sur son fils, qu’on se moque de lui etc. Mais de là à être incapable de dire qu’il aime son fils..? Encore une fois, j’ai vécu une situation similaire, avec mon papa, qui avait honte de moi. Il préférait dire que j’étais un enfant qui posait problème, que j’étais trop sensible, douillet, capricieux etc. Il disait qu’il fallait que je travaille sur mes faiblesses (ce que j’ai fait toute ma vie, mais ça n’a pas changé grand chose). Et il m’envoie un jour une lettre en disant « Je n’ai jamais su te dire je t’aime, parce que les mots étaient coincés dans ma gorge. Tu comprends, avoir un enfant autiste, c’est compliqué pour moi. » J’ai ris jaune. On apprend quand aux gens que s’ils veulent des enfants, il faut qu’ils partent du principe qu’ils ne seront pas forcément valides, et que de ce fait, les culpabiliser eux et leurs pairs c’est pas cool ?
Il emmène son fils dans un parc boueux pour le défaire de son hypersensibilité sensoriel. Il lui dit qu’il doit se défaire de ça. Spoiler : ce n’est pas possible. Et le fait que son fils ne veuille pas être en contact avec des textures désagréables comme de la boue ou de l’argile, ce n’est pas un problème. Au contraire. Ça fera moins de vêtements à devoir récurer avec une brosse et à passer à la machine à laver parce que le gamin s’est roulé dans la peinture à l’école avec ses potes. Et dans la vie professionnelle, il n’y a pas beaucoup de métiers qui nécessitent un contact potentiellement dérangeant de longue durée. Surtout que l’hyper-sensorialité, c’est juste un peu ça : https://www.ebullescence.com/page/24743-troubles-sensoriels. C’est une souffrance, pas un caprice. L’empêcher d’éviter des contacts douloureux, c’est bof bof. Surtout que vu qu’il n’a pas le droit de s’en plaindre « parce que c’est pour son bien » (c’est d’ailleurs une injonction implicite. Quand on « calme » les crises en les amplifiant, c’est perçu comme une punition), il internalise cette souffrance.
Par contre, le coup de l’éducatrice spécialisée qui lui avait fait un petit coin au calme, c’était vraiment nickel. On en a quand on est petit, mais plus au collège et au lycée. Et c’est vraiment ingérable sans.
Il veut que son fils surmonte le handicap. OK. Est-ce que l’on demande à un malentendant d’enlever ses appareils et d’entendre bien sans disant « Oui, il finira bien par entendre comme les autres avec l’entraînement » ? Non. Pourquoi on le fait avec les personnes autistes ? Ce n’est pas parce qu’on nous force à agir comme les enfants neurotypiques, qu’on a les clés en main pour y parvenir. Non, on ne vient pas à bout de notre hypersensibilité sensorielle. Non, beaucoup d’entre nous ne peuvent pas décoder des émotions sur un visage qu’importe l’entraînement. Non, on ne pourra jamais agir selon des codes sociaux naturellement, parce qu’on devra toujours les réapprendre. (si vous avez un moyen de contacter Yvon Roy, faire un carnet avec les règles sociales ça aide. Peut-être qu’il l’a déjà fait..? Bon, après, faut pas qu’il apprenne ça les soirs avant de retourner à l’école, surtout s’il y a un examen le lendemain.)
Ah, et dîtes lui que tenir la main de son fils quand il est au volant c’est bof niveau sécurité routière. Il met aussi son fils en danger. Et l’empêcher d’aller dans son monde, c’est le fatiguer. Si Olivier n’est pas capable de lui expliquer en quoi ça lui est essentiel, je veux bien lui expliquer quand il veut.
Ah, et le prendre dans ses bras alors qu’il est en crise, c’est juste une mauvaise idée. Le faire pleurer encore plus, ça n’arrange rien. Surtout que ça encourage encore une fois l’internalisation des souffrances.
L’internalisation des souffrances est nocive, qu’importe l’individu. Et c’est encore plus vrai pour les autistes, qui sont, je le rappelle 10x plus sensibles à la dépression. Or, la dépression implique très souvent des idées suicidaires, qui sont parfois appliqués (scarifications, auto-flagellations morales, jusqu’au suicide). J’ai subit une éducation proche de celle d’Olivier, et je suis passé par la dépression, des scarifications, des tentatives de suicide, et une hospitalisation en hôpital psychiatrique à l’adolescence. A noter que je suis dépressif chronique depuis ma première tentative il y a trois ans, et que j’ai donc maintenant des anti-dépresseurs en plus. Éviter de passer par cette case, c’est quand même mieux, ne pensez-vous pas ? Même sous prétexte de faire ressembler un enfant à ce qu’il n’est pas, lui faire subir tout ceci est NOCIF.
Ah, et je précise que le « Peut-être qu’il n’ira pas jusqu’à la dépression », c’est inutile. Déjà, pour les enfants neurotypiques, éviter la dépression toute son adolescence c’est miraculeux, alors un enfant autiste…
Je ne peux pas tout résumer par moi-même, et j’ai peur que cela devienne un pavé trop long à déchiffrer, je vous laisse donc avec cet avis d’un papa autiste qui a un (ou des, je ne sais plus) enfant.s autiste.s : https://twitter.com/8512hz/status/1022925949820653568
Et l’avis d’une jeune fille qui n’est pas autiste (qui relève elle des propos sexistes en plus) : https://twitter.com/MiaIlwyn/status/1022528296620384257
Il y a des passages adorables dans la BD, et je pense que l’auteur ne fait pas vraiment exprès de faire du mal à son fils. Ce que je reproche, c’est qu’il ait refusé de se renseigner, et qu’il se flatte de résultats complètement illusoires. Et par dessus tout, et ceux que je blâme vraiment, c’est la maison d’édition, qui ne s’est pas non plus renseignée, et s’est dîtes que c’était chouette de publier ça. Ce n’est pas la première fois qu’une maison d’édition fait ça. Et dire que quand les concernés apportent leurs bouquins, on dit que ça va choquer le lectorat « normal »… Bah bravo l’industrie…
Surtout qu’encore une fois, on héroïsme un parent d’handi’, et on fait passer l’handi’ pour un poids et une souffrance pour son père. Ce n’est pas le propos tenu par Yvon Roy (quoi que si, vu qu’il en parle comme un objet assez souvent dans la BD, oups), mais cette montagne d’oeuvres similaires à une belle odeur de « Les handicapés sont des objets brisés ». Comment condamner des comportements abusifs avec cette image omniprésente chez les valides que les handicapés sont les bourreaux de leurs parents ?
C’est un propos aussi expliqué par cette personne autiste : https://twitter.com/Eli_Gallifrey/status/1022539763914629121
Vous pouvez aussi vous renseigner en lisant des livres témoignages de personnes concernés, si ce n’est pas fait. Les livres de Josef Schovanec sont très accessibles, et pour l’autisme de bas niveau, il y a le livre de Naoki Higashida intitulé « Sais-tu pourquoi je saute ? ». Sinon, il y a tout simplement des forums pour personnes autistes (majoritairement des adultes) où vous pouvez lire des témoignages, ou demander à parler avec un concerné (comme ici : https://forum.asperansa.org/index.php?sid=d0f903e9fb63d0cfdae46691e07145d9)
Il y a aussi des blogs, comme celui-ci : http://royaumeasperger.com/
J’espère que cela aura aidé.
Bonjour je voudrais que Feriel comprenne qu’il ne représente pas l’autisme à lui tout seul, la plus part des autistes sont non verbaux, ne peuvent de ce fait exprimer les frustrations qui souvent les dévorent, les autistes ont un taux d’handicap de 80%,ils sont dépendants dans les gestes du quotidien, ils ne peuvent pas situer une douleur lorsqu’ils souffrent, le manque de diagnostique lors des consultations médicales fait que l’espérance de vie des autistes est de 54 ans(docteur Saravanne) il y a beaucoup à faire dans la communication dès le plus jeune âge des enfants autistes pour qu’ils puissent communiquer de toutes les façons qu’ils auront bénéficié par apprentissage car autrement adultes tant de frustrations et de douleurs les isoleront par des comportement inadaptés ,violences envers eux mêmes et envers les autres d’ou une multitude de médication pour les assommer pour qu’ils ne représentent plus un danger pour eux mêmes et pour l’entourage.Si nous pouvons communiquer alors imaginez toutes les possibilités et les messages que nos enfants pourront être amème de nous transmettre. Allez dans les maisons d’accueil spécialisées et les instituts médicaux éducatifs et discutez avec les encadrants ,ils vous parleront de la détresse des autistes.Nous avons besoin d’être apaisés pour servir nos enfants et les accompagner aussi l’union est toujours préférable à la discorde, j’aurai tant à dire enfin je souhaite que tous nous trouvions la paix dans nos esprits et dans nos cœurs.merci
Je vous comprends tout à fait Michel. (sauf pour la partie où vous m’accusez de m’appuyer seulement sur mon vécu. Avez-vous vu les documents que j’ai partagé ? Je suis désolé si vous avez crû que je suis auteur de toutes ces sources, mais ce n’est pas le cas. Je n’aurais pas été capable d’écrire certaines de ces choses. D’ailleurs, je tiens à préciser que certaines des personnes citées ont été non-verbales très longtemps. Ce serait mal venu de les juger aussi rapidement.)
Et je ne suis pas ignorant de la situation des non-verbaux. Je connais ces instituts, j’en ai fréquenté, et j’ai dans mon proche entourage des autistes non-verbaux. Contrairement à ce que l’on pense, ils s’expriment. Autrement, certes, mais leur mode de fonctionnement n’est pas « mauvais ». Ce dont ils ont besoin, c’est d’accompagnements qui leur conviennent, et comme vous le dites, pas justement des violences. Or, dans ce livre, il y a des choses très violentes, qui sont surtout dangereuses pour les autistes non-verbaux, dans la mesure où ils ont du mal à se faire comprendre des personnes extérieures. Donc si on leur fait du mal, comment pourront-ils l’exprimer ?
Il y a des recherches pour de meilleurs accompagnement des personnes autistes, pour trouver un moyen de communiquer efficacement pour les non-verbaux, mais on préfère financer des associations qui préfèrent l’éradiquer. On doit vivre avec, on sait déjà que ça ne se guérit pas. Alors plutôt que de laisser les autistes crever, ou les laisser souffrir, il faut qu’on donne des moyens à chacun. Les non verbaux ne sont pas plus bêtes que les autres, et encore moins que les neurotypiques. On a seulement tendance à les juger sur des choses qui ne sont pas dans leurs domaines. Il est courant d’entendre dire qu’on ne doit pas juger un poisson à sa capacité à grimper aux arbres. Et ça s’applique aux humains. Nous sommes tous différents, à différents degrés, et il est urgent de comprendre qu’on ne rentre pas tous dans le cadre de la neuronormativité.
L’apaisement des souffrances de chacun ne passe pas dans l’imposition d’un cadre à des personnes qui n’arrivent pas à s’y soumettre. Il y a des méthodes moins barbares pour aider les gens, qu’en les obligeant à internaliser leurs souffrances, et en les laissant péter les plombs seuls plus tard.
On dirait que vous me reprochez de refuser d’aider les autistes… Alors que je reproche les techniques utilisés par Yvon Roy, qui ne sont pas les seules techniques existantes. Vous croyez franchement que je refuserai que les gens aident les autres autistes ? M’aident aussi ? Le spectre autistique est vaste, mais si on prend en compte les avis de ceux qui peuvent s’exprimer dans le tas, on commencera certainement à avancer…
Ce n’est pas votre cas (j’espère ?), mais beaucoup reprochent aux verbaux (enfin, parfois, se sont des gens qui ne parlent pas, mais écrivent, ce qui est ironique.) de s’exprimer, et de relayer les dires des autres. Mais on est aussi autiste, à des degrés différents certes (peut-être qu’on parle ou on écrit, mais on ne sait pas faire nos lacets, on fait beaucoup de crises, on est peut-être aussi incapables de se laver, de sortir dans la rue s’il y a des gens, d’aller à un feu d’artifice, de faire des courses, de conduire etc.), mais nous ne sommes pas des « faux » sous prétexte qu’on parle, et qu’on n’est pas enfermés dans un hôpital presque toute notre vie… On est 80% à être déscolarisés, dont beaucoup de verbaux. Les non-verbaux sont considérés comme bêtes, parce qu’ils ne parlent pas, mais c’est seulement le système qui les mène droit au mur.
Les autistes vont mieux quand on ne provoque pas leurs crises, quand on accepte leurs différences, qu’on ne leur impose pas un cadre auquel ils ne peuvent pas se conformer, et quand on leur apporte l’aide et l’amour dont ils ont besoin. Et c’est valable pour tout le monde…
Je me souviendrai toujours d’un camarade non-verbal, qui, quand il a commencé à parler vers quinze ans, recevait juste des moqueries, des remarques comme « On comprend rien, alors si tu sais pas articuler, autant te taire », et de l’ignorance dès qu’il faisait un son pour essayer de former des mots ou des phrases. Parce qu’entre autre, même dans les instituts où on les place, il est courant de prendre les sons qu’ils émettent comme « juste des sons ». Comment ne peuvent ils pas s’énerver après ? Comment ne peuvent ils pas être malheureux ? Désespérés ? Même s’ils font juste des sons, il ne faut pas les prendre automatiquement pour des écholalies ou des bruits randoms…
Le truc, c’est que les non-verbaux qui écrivent et en parlent sont ignorés. Et vu que globalement, il n’y a que d’autres autistes à les prendre en compte, parce que vu qu’ils écrivent, on considère qu’ils ne sont pas assez autistes, on se retrouve un peu bête quand un papa ou une maman nous dit « Tiens, mon fils a réussi à vous dire quelques chose ? C’est incroyable ! ». Parce qu’on a pris en compte ces personnes là, qu’on a suivit ce qu’ils ont dit, qu’on l’a appliqué, et que « miracle », au final, on a découvert que des non-verbaux étaient capables de faire comprendre quelques trucs quand on avait la patience d’essayer de les comprendre. C’est fatiguant, mais quand on a l’opportunité de le faire, on peut chacun y mettre du sien et amener les plus démunis à faire des progrès… C’est plus long, mais possible.
Mais le principal problème dans l’histoire est le même : on préfère écouter les gens qui n’y connaissent rien, et on n’aide pas les instituts respectueux (beaucoup sont foireux. Avec des techniques déplacés, maltraitantes, du « packing » et d’autres âneries). Quand les infirmiers sont quatre avec deux ou trois fois plus de personnes sur les bras, ils ne peuvent pas gérer correctement. Il faut vraiment que l’état français comprenne que personne ne s’en sortira jamais si on ne donne pas les moyens aux autres de s’en sortir…
Mais bon, c’est mieux les « parents héros » qui blessent leurs enfants, mais les font paraître « plus normaux »… Les milieux inclusifs, le financement des recherches, et une décence pour le personnel médical et les neuroatypiques c’est trop demandé…
C’est vrai qu’au final, on revient toujours à la case départ… On se tape dessus entre nous, et les gros se frottent les mains sur notre misère…
D’ailleurs, s’il y a des proches d’autistes non-verbaux, peut-être que ça ça peut vous intéresser : https://www.chusj.org/soins-services/T/Trouble-du-spectre-de-l-autisme/La-communication/Enfant-autiste-non-verbal
PS : L’autisme non-verbal, ou prototypique, représente 70% des autistes. Mais une bonne partie commencent à s’exprimer tard. Il ne faut pas croire qu’aucun d’eux ne parlent, ils ont souvent un retard langagier, mais ne sont pas forcément incapables de former le moindre mot. Quand l’école est inclusive, ils ont leurs diplômes comme les neurotypiques. Ils redoublent parfois, mais ceux que je connais qui ont trouvé de bonnes écoles ont un bac, pro, techno, S ou L… Ou un CAP ! Si on donnait les moyens pour aller jusque-là, ce serait déjà un grand pas en avant pour beaucoup de personnes…
A noter que les verbaux, qu’on aime tant diaboliser ne s’en sortent pas mieux. Vous en comptez combien, vous, des scolarisés après 16 ans ? Notre société n’est adaptée pour AUCUN neuroatypique.
Si vous voulez parler Michel, y a t-il un moyen de vous joindre ?