Un feel-good movie qui sent bon l’été, servi par un Edgar Wright en forme et une playlist qui ferait pâlir les gardiens de la galaxie.
Edgar Wright est une valeur sûre. Il est l’un des derniers porte-étendard d’un cinéma décomplexé, du buddy-movie qui n’abandonne pas sur sa route la qualité scénaristique ou visuelle à des studios en manque d’imaginaire. C’est donc convaincu (mais avec une pointe de méfiance) que l’on part voir le dernier né du réalisateur de l’excellente « trilogie Cornetto ».
Dès les premières minutes, pas de doute on est en terrain connu. Protagoniste charismatique au comportement improbable, caméra qui use de faux plan-séquence pour coller au plus près de l’action, sensation de feel-good movie qui roule à 200km/h, etc. Les ingrédients sont là, la recette fonctionne et nous voilà donc embarqués dans une course poursuite de 2h en forme de fuite en avant vers le crime et l’amour.
Le scénario, simple et classique, laisse Edgar Wright respirer, et lui permet de s’adonner à ce qu’il préfère : l’hommage. En effet, tout comme ses précédents métrages qui rendaient chacun hommage à un genre cinématographique (le film de zombie pour Shaun of the Dead, le film policier pour Hot Fuzz, le film de science-fiction pour Le Dernier Pub avant la fin du monde et plus récemment les jeux vidéo et le manga avec son Scott Pilgrim), Baby Driver est grandement inspiré du The Driver de Walter Hill. Les connaisseurs sont donc heureux d’y reconnaître les références (un personnage mutique sans nom par exemple ?) et les autres se laissent porter par la modernité joviale du récit. C’est bien là, la grande réussite du dernier né d’Edgar Wright : ne laisser personne sur la touche et offrir à chacun un moment de cinéma fun et décomplexé.
Peut-être trop sûr de lui sur son dernier quart, le film se heurte malheureusement à sa longueur (2h pour des enjeux simplistes et du plaisir en hydrocarbure) et aurait probablement mérité d’être raccourci d’un petit quart d’heure. Néanmoins, comment bouder notre plaisir à l’horizon d’un démarrage estival moribond ? Pour l’heure il n’en est pas question, car Edgar Wright mérite bien plus que les déprogrammations en cours suite aux premières avant-premières. Son dernier né a la capacité de rentrer au paradis des métrages cylindrés, en alter ego parodique du film de Watler Hill, côte à côte avec le Death Proof de Tarantino.
Au pire vous aurez gagné une superbe playlist. De quoi arborer vos cocktails estivaux avec la plus grande fierté. Reste alors un seul mot d’ordre : pied au plancher !
Mathieu Le Bihan
Baby Driver
Film britannique réalisé par Edgar Wright
Avec Ansel Elgort, Kevin Spacey, Lily James…
Genre : Action vrombissante, Justicier improbable
Durée : 1h53
Date de sortie : 19 juillet 2017