En chronique express pour les disques de septembre : Romain Pinsolle, Annika and The Forest ; The Souljazz Orchestra, Labelle, Losange, Darto, Chad VanGaalen et Magic & Naked.
Romain Pinsolle – Romain Pinsolle
Mais qui c’est ce Romain Pinsolle ? Avec ses textes gentiment provocateurs et cyniques, ce guitariste et compositeur un peu dandy, originaire de Bordeaux, qui boxe dans la même catégorie qu’Alister (Mr Schnock !) séduit avec ce premier album aux sonorités pop-rock mid-tempo, enregistré sous la houlette d’Antoine Gaillet (Radio Elvis, Julien Doré, Miossec...). Pour démarrer, il met joliment en musique Le Vin De L’Assassin de Baudelaire avant d’enchaîner sur une suite de chansons décontractées et où son romantisme désabusé affleure en permanence. Une belle découverte.
Soleil Oblique Records – sept 2017 – Soundcloud
Annika and The Forest – She
La suédoise Annika Grill et son projet Annika and the Forest de retour au printemps 2017 avec un second véritable album dans lequel elle dévoile un style plus affirmé encore que par le passé avec des chansons electro-pop intimes et mélancoliques. Avec une voix fragile, dont certaines intonations ne sont pas sans rappeler celles de la chanteuse Beth Gibbons de Portishead, Annika imprime sa patte sur un album délicat, tout en émotions, qui alterne les ambiances, entre morceaux orientés dance-floor au petit matin (Backing Out, No Grace…) et titres lents et bouleversants comme Part Of Sorrow. Une belle confirmation pour cette artiste aux charmes multiples.
Whatever – avril 2017 – spotify
The Souljazz Orchestra – Under Burning Skies
Il y a quelques chose d’irrésistiblement festif dans les musiques de The Souljazz Orchestra. Ce collectif d’Ottawa qui signe là son 7e album rassemble encore une fois dans cette production de haute tenue tous les ingrédients pour faire une musique chaleureuse et dansante. Avec son groove imparable, ses cuivres enflammés et ses sonorités electro rétro légères, le sextet propose un mélange de jazz, de disco, de soul et d’influences africaines, et même Caribéennes ou Latines ! Si le terme de musique « universelle » ou « sans frontière » est parfois galvaudé, il colle en tout cas parfaitement et plus que jamais à la musique de The Souljazz Orchestra. Un régal !
Strut Records – octobre 2017 – spotify
Labelle – univers-île
Sous l’impulsion de quelques labels défricheurs (Strut Records…), la tendance est à la (re)découverte de musiques du passé de sons inconnus venus d’îles exotiques. Celle qui nous intéresse ici est on ne peut plus actuelle et nous vient de la Réunion. Elle est l’œuvre du musicien Jérémy Labelle. Loin du folklore local, le Réunions associe influences Maloya, instruments traditionnels et musiques électroniques dans des constructions où il invite chanteuses et chanteurs locaux à poser leur voix sur ses boucles et ses beats. Le résultat donne un disque très diversifié mais assez étrange avec un artiste qui n’hésite pas à bousculer l’auditeur, à lui faire entendre la musique réunionnaise et plus généralement les sonorités de l’île sous un angle original, entre tradition et modernité. Vraiment étonnant.
InFiné – septembre 2017 – bandcamp
Losange – Quartz
De prime abord, la musique de Losange est brute, minimaliste expérimentale. Composée sur un seul synthé, restituée brut sans mixage, elle monte pourtant de belles nuances dans huit morceaux aux sonorités vintage, à la fois rondes et lumineuses, faisant la part belle aux modulations tout en restant dans un registre sonores assez restreint. Le plaisir ressenti à l’écoute vient aussi de la qualité des compositions qui ne donnent jamais l’impression d’être répétitives avec un producteur réussissant bien à jouer sur les rythmes et les ambiances avec des titres tour à tour dansants et joyeux et d’autres plus mélancoliques.
Johnkôôl records – septembre 2017 – bandcamp
Darto – Human Giving
Il y a quelque chose de Lynchien période Blue Velvet dans cet album. Est-ce cette voix caverneuse façon Nick Cave, la reverb ou les tonalités Rockabilly ou Country western sombres de certains morceaux ? Toujours est-il que l’ambiance qui se dégage de cet album est très réussie et assez prégnante. Au-delà de cette petite référence aucunement encombrante, l’album de ce quatuor de Seattle se veut extrêmement variée, alternant les tempos, avec des arrangements qui renvoient tour à tour à des choses très différentes, passant de morceaux dansants à des choses franchement atmosphériques le tout dans une production indie-rock très solide.
Aagoo Records – septembre 2017 – bandcamp
Chad VanGaalen – Light Information
A mi-chemin entre le style d’un Neil Young et l’indie-rock de Lou Balow, on trouve le son rugueux de Chad VanGaalen. Adepte du DIY et du home made, ce canadien assez discret depuis ses débuts, à l’aube des années 2000, a pourtant déjà 5 albums eu compteur et ne compte sans doute pas s’arrêter là vu la forme qu’il tient au regard de sa dernière production aux accents Psyché Garage. Adepte du lo-fi, du larsen et des sons de guitares un peu cradingues, le garçon n’en oublie pas pour autant les mélodies, comme on s’en rendra compte à l’écoute des chanson de Light Information. Producteur pour Alvvays mais aussi collaborateur d’Andrew Bird, Chad VanGaalen poursuit avec brio une œuvre toujours aussi singulière et attachante.
Sub-Pop / [PIAS] – septembre 2017 – bandcamp
Magic & Naked – Human Expression
A l’instar de Fai Baba ou de Adieu Gary Cooper, la Suisse regorge de talents pop rock que met en avant régulièrement l’incontournable label Casbah records. En ce début d’automne c’est sur Le Pop Club Records que parait le second album de Magic & Naked, enregistré dans le studio breton Kerwax. On y découvre une pop rétro un peu surf, un peu beatlesienne, aux mélodies légères et aux refrains facilement identifiables. Une pop alanguie et très décontractée, aux sonorités bien rondes, certes sans grande originalité, mais qui s’écoutera avec plaisir malgré tout.
Le Pop Club Records – septembre 2017 – bandcamp