La sélection des chroniques express du mois d’octobre 2017 : Laura Baird, La Mverte, Alessandro Cortini, BRNS, Chapelier Fou, Tara King Th., et King Child.
Laura Baird – I Wish I Were a Sparrow
Après avoir joué en compagnie de sa sœur Meg Baird au sein de Baird Sisters ou aux côtés du fameux guitariste adepte du finger-picking Glenn Jones sur ses deux derniers albums, Laura Baird sort enfin un premier album solo dans lequel elle revient aux sources de la musique Folk américaine et plus précisément à celle des Appalaches. Si d’apparence, l’album parait austère et sec, il suffira d’une écoute, une seule, pour se rendre compte à quel point cet album est grand et beau. Dans I Wish I Were a Sparrow, avec juste une voix et un banjo, Laura Baird mélange des musiques traditionnelles avec des titres originaux, pour un résultat qui va bien au-delà de nos espérances. Frissons garantis.
Ba Da Bing ! Records – octobre 2017
La Mverte – The Inner Out
Avant de créer son propre projet, Alexandre Berly officia comme DJ au sein du duo parisien Anteros & Thanaton, à l’orée des années 2010. Nourri d’influences électro-disco, d’electroclash mais aussi des musiques de Daho, Bashung, Jacno ou Marquis de Sade, ce parfait autodidacte lâche le DJing pour se lancer finalement dans la production de musique électronique sur de vieux synthés analogiques, avant de faire ses grands débuts en 2014 aux Transmusicales. Trois ans plus tard, sort enfin un premier album sur lequel on découvre un son électro froid, aux rythmes martelés par les machines et la basse. Ajoutez à cela le chant détaché d’Alexandre, des influences krautrock et coldwave et vous aurez une petite idée de l’ambiance qui règne sur les 10 titres de The Inner Out. A écouter dans la foulée de celui de son pote Yan Wagner.
InFiné – octobre 2017
Alessandro Cortini – Avanti
Connu pour être claviériste au sein Nine Inch Nails, Alessandro Cortini s’épanouit également en solo avec une discographie déjà conséquente, dont ce Avanti qui viendra confirmer toute la singularité de son projet solo. Armé de vieux synthés analogiques des années 70, il a composé une musique qui nous renvoie à l’enfance du producteur italien, avec des morceaux imaginés à la suite du visionnage de films Super 8 exhumés des archives de son grand-père. Sorte de BO de ces vieux films de famille muets, Avanti dévoile une musique intime, remplie de nostalgie, aux harmonies profondes, aux mélodies tristes mais superbes, à l’image du titre Perdonare qui vous saisit littéralement aux tripes. Un sommet d’ambient music pour cette année 2017.
The Point Of Departure Recordings Company – octobre 2017
BRNS – Sugar High
Si c’est déjà le troisième album pour les Bruxellois de BRNS, c’est sans doute aussi le plus réussi qu’il nous offrent aujourd’hui avec Sugar High, montrant qu’ils savent brouiller les pistes quand il le faut, mais surtout accorder les mélodies de la pop avec l’énergie du rock avec beaucoup de talent. Car d’un titre à l’autre, la musique de BRNS est en perpétuel mouvement, ne suit jamais une ligne toute tracée, ne capitalise jamais sur les acquis d’un titre fort pour en proposer une resucée trois pistes plus tard. Le résultat de cette démarche donne un disque qui ne s’épuise jamais, qui résiste aux écoutes répétées, laissant apparaître ici et là de petits détails dans la complexité de constructions pourtant jamais démonstratives. Quoi qu’il en soit, ce groupe a des idées et du talent à revendre et fait partie plus que jamais des meilleures formations belges actuelles.
Yotanka/[PIAS] – octobre 2017
Chapelier Fou – Muance
S’il y en a un qui a su dès ses premiers EP définir les contours d’un style original et reconnaissable entre mille c’est bien Chapelier Fou. Avec son violon et ses sonorités électroniques, le messin a su au fil des années enrichir ses compositions de nouveaux éléments et de collaborations diverses. Avec Muance, il est arrivé à un degré de perfection jamais atteint jusqu’alors. Si le violon, les boucles et les beats electronica remplissent toujours aussi bien l’espace sonore, il a dans cet album une aisance, une souplesse et une fluidité dans les mélodies et les arrangements que l’on ne trouvait pas de manière aussi flagrante par le passé dans les productions de Chapelier Fou. Le résultat est donc bluffant de maîtrise et de beauté avec des musiques où la poésie affleure sur chaque titre. Du grand art !
ici d’ailleurs – octobre 2017
Tara King Th. – Stellar Fantasies
Installé à la Gargouille, une ancienne discothèque en Auvergne qui a appartenu à son grand-père et qui lui sert de studio, Ray Borneo, producteur (Slow Joe, Buridane, etc…), arrangeur, et compositeur au sein des groupes 8, Lomostatic, Bee Tricks, revient avec un nouvel album de Tara King Th. Armé de ses vieux claviers vintage, il s’est attaché à donner vie à un album qui fleure bon le krautrock et les musiques électroniques avant-gardistes des années 70. Dans le même registre que les français Turzi ou Zombie Zombie, Tara King Th., cette fois sans la chanteuse Beatrice Morel-Journe, laisse de côté l’aspect pop 60’s ou trip-hop de ses dernières productions pour se concentrer sur les claviers, renvoyant sa musique plus que jamais du côté des pionniers que sont De Roubaix, Bernard Estardy et tous les géniaux compositeurs de library music rattachés au mythique label français Télé Music.
Petrol Chips – octobre 2017
King Child – Meredith
Il y a quelque chose de tout de suite très familier dans la musique de King Child, avec un style et des gimmicks qui nous ramènent aux premiers albums de Muse (quand le groupe était encore écoutable) ou au Radiohead des débuts, avec ces envolées un brin lyriques. Mais il y a aussi chez ce duo formé du lyonnais Jean Prat et de belge Quentin Hoogaert une capacité à construite des pop songs solides et ambitieuses, en alternant sans cesse le chaud et le froid dans un disque porté par des mélodies superbes où l’émotion se conjugue sur tous les tempos et sur toutes les tonalités. Assez classique dans sa forme pour toutes les références auxquelles il renvoie, cet album est en tout cas une jolie réussite et devrait séduire les amoureux de pop romantique.
Pieuvre – octobre 2017