Confrontée au deuil, Louise va vivre une quête extraordinaire sous l’œil de sa bonne étoile. Où cela la mènera-t-elle ? Un récit sur le deuil mais surtout une ode féérique à la vie.
La jeune Louise ne parvient pas à faire le deuil de ses proches et vit avec leurs fantômes, incapable de s’ouvrir au monde. La visite de Phekda, une étoile de la Grande Ourse, sa seule confidente, lui donnera l’opportunité de vaincre ses angoisses et de transformer sa vie à tout jamais. Un roman introspectif qui se mue en conte initiatique proche du merveilleux.
Une fois encore, voilà une production qui me fournit l’occasion de dire tout le bien que je pense de la collection Métamorphoses de l’éditeur Soleil. Barbara Canepa et Clotilde Vu ne dérogent pas à leur ligne éditoriale en nous proposant un écrin graphiquement très soigné pour une histoire enchanteuse qui nous transporte dans un univers fantastique intemporel. Et au regard de la teneur du récit, il semblait plus que logique que La Grande Ourse fasse partie de cette collection, car c’est bien de métamorphose dont il est question ici… Louise, la jeune héroïne, reviendra en effet de son périple littéralement transformée.
Entre livre jeunesse et conte philosophique, le récit nous entraîne vers une quête poétique aux accents subtils et littéraires. Rien d’étonnant quand on sait que la scénariste de l’ouvrage, Elsa Bordier, est passionnée d’écriture. En outre, le dessin de Sanoe sert magnifiquement l’histoire en mettant en images un monde féérique foisonnant de détails, indubitablement inspiré des œuvres de Miyazaki. Le travail sur la couleur est également sublime et rehausse encore davantage l’attractivité de l’objet. Les deux auteures semblent véritablement en symbiose parfaite. La narration va crescendo jusqu’à son apothéose, lorsque Louise et Phekda arrivent dans le palais céleste, où l’on assiste à une profusion enivrante de tons merveilleusement nuancés, en particulier dans les bleus.
Au propre comme au figuré, le tout est à la fois sombre et lumineux. Dans cette atmosphère fortement imprégnée d’onirisme, on frissonne en retrouvant ses peurs d’enfants mais on les surmonte en prenant conscience de la beauté parfois terrifiante du monde qui nous entoure. Le passage dans la forêt est à ce titre très emblématique : la nature peut s’avérer aussi cruelle qu’admirable, et n’est pas vraiment l’endroit le plus approprié pour les Bisounours.
La Grande Ourse est donc une vraie bonne surprise. Véritable ode philosophique à la vie et à la beauté, l’ouvrage se laisse autant lire que contempler. Et comme pourrait le laisser supposer la couverture, l’album n’est pas uniquement destiné aux jeunes filles en fleurs, car il traite aussi du deuil et de la mort. Bien entendu, il serait presque redondant de préciser que cela constitue une excellente idée-cadeau à l’approche des fêtes de fin d’année.
Laurent Proudhon
La Grande Ourse
Scénario : Elsa Bordier
Dessin : Sanoe
Editeur : Soleil
Collection : Métamorphoses
92 pages – 17,95 €
Parution : 13 septembre 2017