Après quatre ans d’interruption depuis la mort du dessinateur Philippe Delaby, Murena revient pour le plus grand bonheur des aficionados. Et on peut dire que Theo reprend le témoin avec brio.
Après le Grand incendie de Rome, la vie a repris ses droits et la fête bat de nouveau son plein chez les nantis qui veulent oublier le tragique événement. Mais voilà que déjà circulent les projets d’assassinat contre Néron, tenu pour responsable de l’incendie, tandis que Lucius Murena semble revenir en grâce dans le cœur de l’empereur… Agressé sauvagement par des brigands, Murena va être recueilli par une femme qui va tenter de le soigner, quitte à lui faire perdre tout souvenir de son existence antérieure.
Si l’on en croit la préface de Jean Dufaux, il s’en est fallu de peu pour que la série s’arrête après le neuvième volet (premier épisode du troisième cycle), suite à la disparition de son dessinateur, le talentueux Philippe Delaby. Quatre ans après, trouver quelqu’un à la hauteur de la tâche ne s’avérait pas une mince affaire, mais l’Italien Theo, très apprécié par Delaby, semble avoir relevé le défi de façon très naturelle. Son trait possède les mêmes attributs, faits à la fois de puissance et de finesse. C’est à peine si l’on peut déceler un moins grand raffinement dans les détails, mais il faut avoir l’œil bien exercé pour cela.
Il faut souligner qu’à la base, l’ambitieux projet prévoyait quatre cycles, et la disparition de Philippe Delaby compromettait gravement sa poursuite. Aujourd’hui, Murena, comme Rome après le Grand incendie décrit dans le volume précédent, semble ne pas vouloir sombrer dans l’oubli, comme dépassé par sa force intrinsèque qui lui est, sait-on jamais, octroyée par l’aura de la ville éternelle. Theo étant florentin, il n’est pas surprenant qu’il ait accepté d’insuffler son propre talent à l’entreprise, tout en se montrant respectueux vis-à-vis de son prédécesseur.
Si Jean Dufaux semble satisfait de ce nouveau départ, le lecteur ne s’en plaindra pas, tant s’en faut. L’effet de surprise n’est évidemment plus là, mais il n’en reste pas moins que ce dixième chapitre reste aussi captivant que ne l’ont été les épisodes précédents, toujours aussi documenté. Et à en croire la couverture, c’est un fabuleux festin qui s’annonce…
Laurent Proudhon
Murena, tome 10 : Le Banquet
Scénario : Jean Dufaux
Dessin : Theo
Editeur : Dargaud
72 pages couleur – 11,99 €
Parution : 3 novembre 2017