La Post New Wave racée de Denner se lance à l’abordage d’une Noisy Pop classieuse, telle une collision aux vertus salvatrices entre The Opposition et TV On The Radio.
Credit photo : Yves Bigot
Denner ne ment pas. Un zéphyr propulse un son Post New Wave, sans un zeste de nostalgie. Denner s’inscrit dans la longue liste de groupes bretons biberonnés aux effluves Post Punk et Indie.
En huit titres les rennais, autant influencés par les groupes de Factory Records et Sarah Records que ceux issus des scènes de Liverpool, New York ou Rennes, se montrent parfaitement éloquents.
Une déflagration de guitares pour un refrain tout en apesanteur, Radiant Cold en sera le titre le plus urgent de l’album. Le chant anglophone de Gilles Le Guen y brille en intensité et ses années passées à New York se devinent aisément. Lorsque le rythme se pose et devient dansant, Denner croise le fer avec Franz Ferdinand qui aurait beaucoup écouté The Chameleons. Refuelled -le hit- s’impose tout en montées rythmiques et cordes pizzicato. Le genre de titre dont on est certain de l’avoir toujours entendu.
Les brumes synthétiques et les trompettes ne sont pas omises dans The Drowned Man With The Shells In His Coat et plongent le groupe dans un paysage gris que l’on croise dans le Sussex, à Crawley par exemple. On subodore des affinités avec Pale Saints en écoutant l’excellent Lovers In Ribbons, qui nous rappelle que la pop aérienne aime s’entourer de mélancolie. La voix atmosphérique y est particulièrement touchante. Lorsque le groupe explore les limbes de la Noisy Pop sur Drifting Canticles, la mélodie accrocheuse et les guitares à étages nous prouvent que Denner sait se diversifier avec aisance.
Aux premières notes de bongos sur Stanza, on jurerait entendre Happy Mondays. En guest de luxe, Tina Weymouth et Chris Frantz des Talking Heads et Tom Tom Club assurent les bongos, Steve Scales croisé entre autre chez B’52s ou Psychedelic Furs laisse trainer quelques congas pendant que Frank Darcel (MDS, Etienne Daho, Republik) lâche une guitare rythmique funk blanc sur les accords inspirés de Yann Even. Autre invité de marque, Philippe Pascal, chanteur de Marquis De Sade et Marc Seberg, rend la politesse à G. Le Guen sur Inner Voices, et projette le titre dans une autre dimension.
Safe And Sound nous embrume sous de doux larsens, le rythme martial s’installe progressivement et nous entraîne pour un voyage en terre Celte.
Leur chant des terres en quelque sorte.
Mathieu Marmillot
Denner Drifting Canticles
label : Spinnup
Sortie : 06 Octobre 2017