On désespérait de la série Le Spirou de… qui en arrivait à sa douzième tentative de faire revivre l’un de nos personnages préférés de la BD franco-belge classique, sans beaucoup de succès. Il s’appelait Ptirou montre qu’on avait tort…
Les adaptations du personnage de Spirou par des auteurs modernes (on est déjà au douzième tome de cette série à l’opportunisme certain !) sont suffisamment critiquables pour ne pas célébrer aujourd’hui avec enthousiasme les rares réussites dans un genre aussi difficile.
Il s’appelait Ptirou est sans aucun doute la plus belle œuvre de la série depuis le formidable Journal d’un Ingénu d’Emile Bravo : s’il s’agit à nouveau ici de revenir aux sources d’un personnage mythique de la BD franco-belge du XXème siècle, Yves Sente et Laurent Verron ont préféré nous raconter la genèse du personnage du groom roux, qu’ils situent lors de la rencontre (imaginaire, on suppose) entre son créateur Rob-Vel et un petit mousse du paquebot transatlantique Ile-de-France.
Et nous voici partis dans une belle et sombre « histoire de l’Oncle Paul » (encore une mise en abyme, joliment pertinente par ailleurs) qui nous raconte, à nous petits enfants émerveillés, une grande histoire d’amour, de lutte des classes, de maladie et de mort lors d’une traversée mouvementée. Si l’on peut penser parfois au Titanic de James Cameron, Il s’appelait Ptirou reste assez décalé et original pour que l’on puisse s’enthousiasmer sans réserve : le dessin et la mise en couleurs sont une réussite, mais c’est l’histoire, complexe, poignante, très « adulte » puisqu’elle finira en tragédie (qu’on dissimulera pudiquement aux yeux des enfants…), qui frôle quasiment la perfection… Quasiment, parce que l’on sent une certaine précipitation à avancer dans un récit qui aurait bien mérité une trentaine de pages de plus pour se déployer en toute majesté.
Voici en tout cas une histoire superbe, un splendide hommage à l’un des plus beaux héros de la Bande Dessinée, qui se double d’un émouvant travail de mémoire vis à vis du prolétariat de la première moitié du XXème siècle qui n’avait que le droit de servir les puissants, et ce jusqu’à la mort.
Eric Debarnot
Il s’appelait Ptirou
Scénario : Yves Sente
Dessin : Laurent Verron
Editeur : Dupuis
80 pages en couleurs – 16,50€
Parution : 24 novembre 2017
Extrait :
Merci pour cette critique, j’ai assez envie de voir le contenu de cette ouvrage. Je dois dire que dans mon enfance, j’étais un véritable fan de Spirou