Le nom de Jill Soloway a pris une place grandissante dans le petit monde des séries télévisées qui comptent vraiment, depuis ses débuts sur Six Feet Under et son remarquable travail sur Transparent. I Love Dick confirme sa singularité.
Depuis l’éblouissement ressenti devant Transparent, il est peu de dire que le travail de Jill Soloway nous importe et que nous attendions son I Love Dick avec impatience, même sans avoir forcément lu le roman culte dont il est l’adaptation.
Nous aurons pourtant besoin cette fois de quelques épisodes pour être totalement convaincus, sans doute parce que le monde de l’Art Moderne, même exilé au fin fond du Texas, a quelque chose d’irritant dans son mélange absurde de prétention vaguement condescendante et de vraies ambitions quant à une compréhension du monde. Mais peu à peu, le talent, le génie peut-être de Soloway s’impose par-delà les qualités et les défauts, quand même très criants, de l’œuvre adaptée, et l’enchantement se répète : plus on avance dans un récit qui superpose merveilleusement le récit trivial d’une obsession sexuelle hystérique – forcément hilarante – et une description de plus en plus enthousiasmante de la manière dont l’Art nous ouvre au monde et nous permet de résister, plus I Love Dick dépasse les antiennes du féminisme à l’américaine et s’avère convaincant.
Le dernier épisode, porté par ses trois acteurs incandescents (Kevin Bacon, bon comme jamais auparavant, Griffin Dunne qu’on avait perdu de vue et qu’on a plaisir à revoir, et surtout l’inénarrable Kathryn Hahn qui se met en danger à chaque scène), est une véritable épiphanie, tout en ne renonçant pas à une vision extrêmement réaliste de l’Amour et du sexe.
Une série magique, et une nouvelle réussite de Jill Soloway !
Eric Debarnot
I Love Dick – Saison 1
Série de Sarah Gubbins et Jill Soloway
Genre : Comédie
8 épisodes de 30 minutes enviriosn
Amazon Studios
Première diffusion : 12 mai 2017