Toutes guitares dehors, les vieux garnements de Tough Age nous prouvent que l’interprétation bancale peut être un atout. A condition que les compositions tiennent la route.
Credit Photo : Colin Medley
Sur l’autoroute ralliant Toronto à Dunedin en Nouvelle Zélande, le trio canadien fonce tête baissée. Pas de dangers, la voie n’est pas encore trop encombrée. L’appareil cassette recrache un best of de Flying Nun Records.
Touch Age possède ce truc touchant, un peu décalé et innocent que l’on décelait aussi dans les disques de Sarah Records. Mais en plus Punk Garage. La production est volontairement rachitique, évite les détours et va à l’essentiel. Comme un moteur gonflé au Lo-Fi.
Everyday Life en ouverture renoue magistralement avec les guitares gentiment énervées et croisées chez les Feelies du temps de Crazy Rhythms, une basse ronde au taquet soutenue par un rythme entraînant font défiler le paysage a toute vitesse. Une seule strophe chantée en chœurs suffit à laisser présager le meilleur. Aussi Reflected, Me In Glue et Unclean sont d’excellents compagnons de route pour une conduite sur ligne blanche. A coup sur, le pompiste croisé sur l’autoroute a du leur faire le plein de The Clean, The Undertones ou Velvet Underground.
De temps à autres, le moteur connait des ratés. Volontairement comme sur l’intro de Piquant Frieze , titre punk maladroit aux quatre accords ou frisant le convenu sur Ghost ou Shame aux tournures Garage psyché classiques et à l’interprétation vocale un peu légère.
Mais Touch Age nous surprend lorsqu’il baisse la garde sur Pageantry, ralenti le tempo, calme les guitares et voix pour une pause assez cinématographique. Convaincant.
Pas sûr que les canadiens traverseront le pacifique en voiture mais gageons que leur esprit y est déjà.
Mathieu Marmillot
Tough Age – Shame
Label : Mint Records
Date de sortie : 20 octobre 2017