Les Limiñanas sont allés s’enfermer dans le studio berlinois d’Anton Newcombe pour donner une suite à Malamore (2016) avec l’entêtant et réussi Shadow People. Le changement dans la continuité.
Credit Photo : T Garcia / Because
Après s’être fait connaître à leurs débuts par l’intermédiaire de petits labels étrangers (Trouble In Mind, Hozac), les Limiñanas trouvent enfin un véritable écho en France grâce notamment à leur signature sur label Because Music et la sortie du brillant Malamore en 2016.
Malgré ce passage légitime à un niveau de reconnaissance plus large, Lionel et Marie Limiñana – couple à la ville comme à la scène – sont restés fidèle à leur style d’origine, le faisant évoluer sensiblement au fil des années, gardant des bases solides, celles d’un rock psychédélique direct et sans fioriture dans lequel on trouvera des réminiscences du Velvet Underground, de Gainsbourg et plus généralement de tout ce qui se faisait de bon et de psychédélique dans les années 60 en France, en Angleterre et ailleurs.
Pour ce nouvel album, les Limiñanas sont allés enregistrer à Berlin chez Anton Newcombe. Là-bas, en compagnie du leader culte des Brian Jonestown Massacre (que l’on retrouve au chant sur Istanbul Is Sleepy) et de son ingénieure du son Andrea Wright, ils ont façonné le son de cet album, nettement plus sec et plus tranchant que celui de Malamore et de leurs précédentes productions.
A cette petite équipe, sont venus s’ajouter Emmanuelle Seigner sur Shadow People, Bertrand Belin sur le superbe et déjà classique Dimanche, et Peter Hook sur The Gift, titre qui aurait pu sans problème figurer sur un vieil album des Cure. Et on pourrait même ajouter à cette fine équipe Ennio Morricone dont l’ombre plane sur le dernier titre De La Part Des Copains.
Une somme d’artistes qui viennent se fondre dans le décor et coller parfaitement au style d’un duo toujours installé à Cabestany dans les Pyrénées Orientales, pas très loin de chez Pascal Comelade, autre musicien « à part » avec lequel ils ont sorti un album joyeusement bordélique en 2015.
Si Shadow People ne sera pas forcément le disque le plus facile des Limiñanas, avec ses voix plus en retrait, une rythmique martelée comme jamais, mais aussi avec un son plus dense, plus ample, il marque en tout cas une nouvelle étape dans la carrière de ce groupe.
Un album en forme de parenthèse berlinoise qui pourrait bien attiser plus de curiosité encore autour des Limiñanas dont l’intérêt dépasse, on le sait depuis bien longtemps, les frontières de notre beau pays.
Benoit RICHARD