Henriette garde le chien de ses amis qui est toujours fourré dans ses jupes… des souvenirs d’adolescente remontent à la surface, des souvenirs d’éveil à la sexualité. Un livre qui dit des choses pas très morales avec une belle élégance littéraire.
Henriette est son mari sont aussi amoureux qu’au premier jour, ils ont une grande connivence surtout dans leurs ébats sexuels. Mais un jour, tout change, leurs amis, Georgette et Edmond, leur confient la garde de leur chien pendant un séjour loin de leur maison. Le chien se montre alors très affectueux et quitte difficilement les jupes d’Henriette qui éprouve des sensations qu’elle a oubliées depuis longtemps, des sensations qu’elle a connues quand, jeune adolescente, elle cherchait, avec ses petites amies, des réponses à leurs questions sur leur éveil sexuel en jouant avec un chien. Entre la femme et le chien, une véritable relation se noue, une relation qui se dénoue quand les amis rentrent de leur voyage. Mais Henriette n’a pas perdu le désir allumé par le passage du chien à la maison.
Georgette découvre vite qu’une relation particulière s’est nouée entre son amie et son chien, elle ne s’en offusque pas, elle préfère reprendre cette relation à son profit pour assouvir les fantasmes qui la hantent depuis longtemps. Georgette et Edmond se lancent alors à la recherche de leurs désirs inavoués profondément enfouis au fond de leur être, sous le regard de leurs amis. Cet épisode prend fin avec le départ définitif des propriétaires du chien, au grand dam d’Henriette qui finalement décèle dans sa sexualité l’inclinaison qui lui permet d’obtenir l’extase sexuel et l’épanouissement personnel.
L’auteur de ce texte sulfureux n’est autre que de Jacques Abeille qui signe pour la circonstance sous le un pseudonyme de Léo Barthe. Ce livre choquera bien évidemment ceux qui se cantonnent dans une morale relativement stricte et conventionnelle mais pourra intéresser d’autres lecteurs à l’esprit très ouverts. Ce livre est à la fois obscène et très littéraire, Jacques Abeille use d’une langue très dépouillée même s’il ne rechigne pas à l’emploi de séries de trois adjectifs ou de trois termes pour décrire certaines choses ou impressions. Sa prose est très pure, ses mots sont d’une grand justesse, choisis avec grand soin, il démontre ainsi qu’on peu dire des choses tout à fait immorales avec une la plus grande élégance. On le savait au moins depuis la lecture de Jean Genet.
Dépassant les considérations littéraires, on remarque que Léo Barthe ne se fourvoie jamais dans une vile pornographie, il raconte, il décrit, toujours très élégamment, les pulsions sexuelles qu’une femme éprouve, des pulsions qu’elle va chercher aux creux de son enfance et même au plus profond de la condition humaine. Une vraie leçon de tolérance à l’endroit de ceux qui trouvent leur plaisir dans des pratiques différentes, un message de liberté pour tous les autres qui feraient bien de ne pas contraindre leurs envies et de ne pas se fier de l’avis des autres. Mais, comme l’écrit le narrateur : « La liberté est une provocation » alors les préjugés et les condamnations qu’ils génèrent, vivront encore longtemps !
Denis Billamboz
L’animal de compagnie
Roman français de Léo Barthe
Editeur : La Musardine
159 pages – 16€
Date de parution 11 janvier 2018