L’amour, thème éternel s’il en est, devient sous le trait et l’esprit de Fabcaro, un album décapant qui, à l’heure de la Saint Valentin, devient un incontournable.
Sandrine et Henri sont mariés. Mais voilà que l’épouse tombe amoureuse de Michel avec qui elle va vivre une folle passion. Mais que vaut cette passion à l’heure d’un choix cornélien : Quitter son mari ou vivre avec son amant ? Sandrine affrontera le doute, l’interrogation. Quelle voie choisira-t-elle ? Celle de la passion ou celle de la raison ?
On peut tout à fait faire la moue devant ce scénario façon roman photo de Nous deux – que des méchantes langues surnomment « Doux nœud » alors que ces mêmes moqueurs, ados, le lisaient en cachette chez leur mami ! – mais très vite on élimine l’aspect gnangnan du genre lorsque l’on s’aperçoit que le Michel de l’histoire dirige une start-up de livraison de macédoine de légumes. La romance devient donc totalement improbable puis constamment détournée par des éléments frôlant l’absurde, pour finir par prendre l’allure d’un pastiche déglingué. Sans vouloir spoiler, sachez qu’au plus fort de leur passion, l’amant susurrera à sa bien aimée des mots doux ainsi tournés : « Sandrine…je nous vois déjà dans les allées d’IKEA en train de noter des références de tables basses… ». Je vous sens intrigué(e) tout à coup… Aller, un petit dernier pour vous appâter … Une jeune femme parlant d’un fiancé disparu : « Mon ex a mis trois jours et demi à replier une tente Quechua deux secondes. Peu à peu, j’ai vu mon amour pour lui s’étioler… »
« Bon sang, mais c’est bien sûr! » dites-vous comme un ex-commissaire de la télévision dont seuls quelques baby boomers se souviennent, c’est du Fabcaro, le prince actuel de la bande dessinée décalée et drôle… Bon, vous avez compris, Et si l’amour c’était aimer ?, aux allures de roman-photo, s’avère un nouveau bijou de drôlerie et de non sens, un album qui se dégustera avec délices et, malgré ses airs de se foutre de tout, en dit beaucoup sur l’amour au 21e siècle, dézinguant l’image idéale véhiculée depuis des siècles, tout en détournant un par un tous les clichés actuels inhérents au genre!
Pas la peine d’en dire plus, c’est l’album hilarant du moment, le cadeau idéal pour se moquer de la Saint Valentin. Et même si on n’est pas adepte de cette célébration un poil consumériste, on peut tout à fait profiter de l’occasion pour offrir quelque chose de décalé qui fera rimer amour avec humour. En plus de ne pas vous ruiner (12 euros), cela défrisera ceux à qui vous l’offrirez, soit parce qu’ils se gondoleront de rire (sans aller à Venise) , soit parce qu’ils seront déboussolés, un très bon moyen pour connaître le degré de dérision que vos ami(e)s, amoureu(ses) (x) peuvent accepter, fort utile pour la suite de votre vie en société…
Pierre Darracq
Et si l’amour c’était aimer ?
Scénario et dessin : Fabcaro
Editeur : 6 Pieds sous terre
51 pages – 12 euros
Parution : novembre 2017