Virginie se sépare du garçon avec qui elle vit une histoire difficile. Pour se retrouver, elle se lance dans la pole dance, qui lui permet d’exhiber son corps et d’allumer les mâles… Elle reprend pieds mais les questionnements de sa vie douloureuse la rattrapent…
© Editions de l’Observatoire
Sans connaître l’auteur, Manuel Blanc, acteur dont le grand cinéaste Téchiné fit sa tête d’affiche de J’embrasse pas, en 1991, on imagine sans peine un garçon qui n’aime pas et jamais ne se fourvoie dans les clichés. Les sentiers battus et la triste réalité ne sont pas son horizon. On avait pu le constater dans Carnaval, son premier roman paru il y a déjà 4 ans, dans lequel le héros partait à la recherche de son amant, périple qui le conduisait à Cologne en plein carnaval, où déguisé en gorille, il traquait son amant…
Ici, pour ce deuxième opus, il transgresse les codes en se glissant dans la peau d’une femme trentenaire, déjà bien abîmée par la vie. Choix que l’auteur revendique sans ambiguïté et le fait que l’on ne se pose jamais la question de la crédibilité du personnage de Virginie en est l’illustration parfaite.
Après sa rupture récente avec Marc, Virginie se réfugie ou plutôt explose dans la pole dance, cette discipline où des femmes peu vêtues exécutent des figures lascives et langoureuses autour d’une barre… souvent associée à l’univers du strip-tease voir de la prostitution… Dans des clubs de nuits ou des soirées privées, elle donne une nouvelle dimension à sa séduction et au désir qu’elle provoque chez les hommes, spectateurs inassouvis de ces pantomimes sensuelles. Elle redécouvre avec délectation sa féminité…
Pourtant, la présence peu orthodoxe d’un frère jumeau qui hante ses songes et ses cauchemars, créature imaginaire qui s’insinue comme la part masculine de la belle Virginie… prend une place étouffante… Car dans sa famille où le matriarcat est une réalité, les hommes brillent par leur absence, quant ce n’est par la fuite !
Ces hommes, elle en porte les stigmates au fond d’elle même et ce père qu’elle n’a jamais connu et qui ne l’a pas reconnu, elle doit aujourd’hui l’affronter. Alors, elle part à sa recherche comme un brave petit soldat, escortée de ce frère ami ou ennemi, selon son humeur du moment et se confronte à la cruauté du monde…
Manuel Blanc nous prend par la main et nous entraîne dans les méandres de ce parcours hallucinant sans que jamais on n’émette le moindre regret de le suivre et on n’est jamais déçu du voyage !
Trajet sinueux, accidenté, parfois des chemins de traverse… mais la quête a du sens !
Les corps électriques
Roman français de Manuel Blanc
Editeur : Editions de l’Observatoire
178 pages – 17 euros
Parution le 10 janvier 018