Démarrée à La Rochelle, la tournée « Toute latitude » s’arrêtait au Moloco à Audincourt ce vendredi 30 mars 2018 pour une soirée mémorable en compagnie de Chevalrex qui ouvrait pour le boss : Dominique A.
Photo : Priscille Roy
Parfois on mesure l’amour que l’on porte à un chanteur ou à un groupe, aux souvenirs et aux émotions qui vous traversent au contact de sa musique durant un concert.
Avec Dominique A, l’idylle a démarré pour moi un beau jour de juillet 1996, sur la Scène Territoire de musiques aux Eurockéennes de Belfort, à une époque où le public reprenait en chœur uniquement Le Twenty-two bar et peut-être aussi Le courage des oiseaux. Par la suite, on s’est revu régulièrement avec, à chaque fois, l’impression de redécouvrir un artiste plus grand, plus fort, plus sûr de son art, et en un mot toujours plus impressionnant. Ce vendredi, Dominique A m’a laissé l’impression d’avoir atteint une forme de plénitude, dégageant une sérénité et une assurance incroyable… la marque des très grands, sans aucun doute.
Photo : Benoit Richard
Mais avant d’aborder le show du grand chauve, C’est Chevalrex / Rémy Poncet auteur de trois albums déjà impeccables qui ouvrait le bal à 20h30, devant un public clairsemé mais concerné et surtout attentif au style riche et délicat de ce garçon. Seul, avec sa guitare, ses pédales et son petit magnétophone, le frangin à Gontard! a assuré une première partie tout en intimité, reprenant bon nombre de titres de son dernier album (le brillantissime Anti-Slogan), dans un style chaleureux et décontracté qui m’a rappelé les débuts de… Dominique A. On a hâte de le revoir dans quelques années avec une formation complète, histoire de profiter pleinement de la beauté de chansons si finement arrangées sur album.
Photo : Priscille Roy
Pendant que Chevalrex termine de jouer, le public commence doucement à s’amasser dans le hall étroit du Moloco, attendant avec impatience la mise en route des gyrophares verts au dessus du bar, annonçant le démarrage du concert de Dominique A.
Et c’est devant une salle bondée que Dominique A et ses musiciens se mettent en place. A droite, l’Américain Jeff Hallam (bass), au fond, Etienne Bonhomme (batterie électronique + batterie) et Sacha Toorop (batterie), à gauche, Thomas Poli (claviers et guitare) et au centre, Dominique A, sobre, élégant, dans son polo noir, et bien sûr souriant comme toujours.
Le set démarre avec Cycle, le titre qui ouvre son dernier album Toute latitude, dont il jouera 8 titres avec les déjà classiques Toute Latitude, Aujourd’hui N’Existe Plus mais aussi Corps De Ferme À L’Abandon, un morceau dont la cote ne cesse de grandir auprès des fans et qui risque bien de rejoindre Le Convoi ou Le Commerce De L’Eau parmi les titres « hors single » chéris par son fidèle public.
Photo : Zélie Noreda
Le set trouve très vite son rythme, bien balancé entre classiques et nouveautés. L’acoustique parfaite du Moloco, dont la réputation n’est plus à faire, rend magnifiquement la puissance du son produit par le nantais et ses musiciens. Et c’est tout bonnement jouissif ! Les sexagénaires, assez nombreux dans le public, en prennent plein les oreilles. Les morceaux les plus rythmées invitent littéralement à la transe malgré pourtant un public qui se contente de taper du pied. Thomas Poli – qui accompagne Dominique A sur scène depuis près de 10 ans -, s’éclate entre ses machines aux multiples boutons et ses guitares, laissant par moment l’impression qu’il a appris à jouer au son de Sonic Youth. Au centre de la scène, le divin chauve se montre plus décontracté que jamais, blaguant, souriant à la moindre remarque dans le public, avec un sens de la répartie qui régale l’assemblée. Sa gestuelle me fait toujours autant marrer, à la fois minimaliste et très personnelle, avec ses bras chassant vers l’arrière sur les morceaux les plus tendus de son répertoire… rappelant ses fameux moulinets d’antan !
Photo : Benoit Richard
Les titres ses suivent à une vitesse folle, le son est énorme, l’ivresse est totale, avec l’impression par moment d’être carrément à un concert de Depeche Mode, avec même des petites touches noisy, krautrock ou indus qui ne gâtent rien.
Le rappel arrive finalement assez vite. Le Twenty-Two Bar et Le Courage Des Oiseaux finissent de nous enivrer dans des versions qui inviteraient presque au stage diving.
Retour au calme pour finir avec Le Convoi qui annonce le difficile mais prévisible rallumage des lumières vers 23h30 dans une salle du Moloco où le public ressort à la fois groggy et épaté par le set parfait que viennent de produire les cinq musiciens.
Durant près de deux heures, on a sauté, dansé, repris à tue-tête nos refrains préférés, on a vu passer un peu plus de 20 ans de notre vie à l’écoute de chansons récentes ou plus anciennes dont on n’imaginait pas qu’elles puissent nous faire autant d’effet que ça.
Et si l’on mesure l’amour que l’on porte à un chanteur aux émotions ressenties lors de ses concerts, alors oui, Dominique A est sans aucun doute mon Johnny à moi.
Benoît Richard
Photo : Benoit Richard
Setlist :
Cycle
La Mort D’Un Oiseau
Les Deux Côtés D’une Ombre
Va-T’En
Le Sens
Toute Latitude
Pour La Peau
Aujourd’hui N’Existe Plus
Le Commerce De L’Eau
Vers Le Bleu
Immortels
Exit
Cap Farvel
Rendez-Nous La Lumière
L’Océan
Éléor
Lorsque Nous Vivions Ensemble
Se Décentrer
Le Métier De Faussaire
Au Revoir Mon Amour
Corps De Ferme À L’Abandon
Le Twenty-Two Bar
Le Courage Des Oiseaux
Le Convoi