Une des plus belles réussites du début d’année 2018, c’est le nouvel album d’Alice Lewis « Imposture ». Une raison suffisante pour aller questionner la demoiselle sur ses disques favoris.
Credit photo : Alexandre Chatelard
Parmi toutes les chanteuses de la vague french pop néo 80’s, Alice Lewis est sans aucun doute l’artiste la plus intéressante de ces dernières années. Est-ce les textes d’Alexandre Chatelard, les musiques oniriques de Alice Lewis ou les aux arrangements, cosignés avec Fred Pallem ? Une chose est sûre, l’alchimie fonctionne parfaitement sur son troisième album Imposture où les refrains et les mélodies fonctionnent à merveille, rappelant notamment les albums que composait Gainsbourg pour Birkin ou Adjiani au milieu des années 80.
Un disque classieux comme aurait dit l’homme à la tête de chou. Un disque à la fois facile à écouter pour une artiste montrant ici encore une évidente exigence artistique.
5 disques du moment :
Barbara Carlotti – Magnetique
Barbara Carlotti a cette voix grave et envoûtante qui enveloppe le coeur et les oreilles. Son prochain disque est truffé de perles comme le Mensonge. Un songwriting hors pair et le grain de folie qui équilibre le tout. Allez la voir le 5 avril prochain aux étoiles ou à la gaité lyrique à la rentrée!
Judah Warsky – Avant après
J’avais entendu Voiture ivre des mois avant sa sortie, car Judah est un pote et ce titre est resté sous ma peau. « Apporte moi l’oubli » est la chanson qu’on aimerai souffler à l’être aimé lorsque notre âme est en peine, comme si sa voix devenait la notre.
« After », cumbia electro me transporte dans une autre dimension, m’embarque comme si je prenais un train à vive allure. Sur scène il est sur avec un clavier sous chaque main, et des simples bizarres, incompréhensibles. sexy silhouette, avec lumière en contre jour à voir.
Catastrophe – La nuit est encore jeune
De drôles d’oiseaux. Ceux qui font certainement le plus avancer la pop en ce moment.
Artistes Dadas protéiformes, ils écrivent des essais, qui nous redonnent foi en l’avenir, allègent nos cœurs sous pression dans ce monde de brute.
Sur scène : textes lus, morceaux imparables chantés, dansés, costumés, confettifiés. Sur le disque sorti quelques mois plus tard balades et hip hop improbables, chantés a deux, trois ou huit sur scène, structures inattendues. Morceaux magnifiques tels que l’amour est tout nu ou M.M.W.M Y (Making music with my eyes) dont je viens de faire un remix.
Malik Djoudi – Peur de rien
Artiste découvert au Silencio, à une soirée s’artistes sélectionnés par Daho. Le bruit de la foule soudain s’éteint dans ma tête et mes oreilles se tendent naturellement vers la voix délicate et haut perchée de ce jeune homme qui m’était inconnu. Depuis, j’écoute ses balades intimistes minimales en boucle. J’adore le synthé en trois temps sur ce morceau binaire, il produit un décalage qui donne tout le temps envie de le réécouter.
PJ Harvey – The hope six demolition project
Partie en Afghanistan au Kosovo et à Washington pour y constater ce qu’il s’y passe, chaque chanson est comme une photographie de ce qu’elle a vu. J’étais passée à côté de l’album The hope six demolition project parce que je le trouvais trop descriptif. À Rock en Seine, l’été dernier, j’ai vu le live. Un des plus grands moments de musique auquel j’ai pu assister dans ma vie. La grande prêtresse nous absorbe dans sa cérémonie. River Anacostia, mon morceau préféré : Fumée noire qui sort des eaux, en volutes.
5 disques pour toujours :
Jane Birkin – Baby alone in babylone
Disque de rupture, écouté en boucle dans un grand moment de solitude. Pouvoir cathartique indéniable. À travers Jane, le génie de Gainsbourg. Haine pour Aime, ma préférée, Mélodies savamment pompée sur les morceaux de musique classique qu’il jouait. Jane voulait chanter Pull Marine mais Serge avait dit : Ah non celle-là, c’est pour Adjiani ! »
« Amour hélas ne prend qu’un M
Faute de frappe, c’est haine pour aime
H. A. I. N.
Sur I. B. M.
A. I. M. E.
Moi si tu veux »
Isabelle Adjani – Isabelle Adjani
Isabelle Adjani est si folle, si excessive, si drama queen, c’est du grand génie. Des morceaux eux aussi écrits par Gainsbourg, ritournelles ou chansons aux refrains grandioses… Pull Marine un chef-d’oeuvre que je ne cesserai d’aimer ; le clip de Besson m’a beaucoup marquée quand j’étais petite, l’homme en slip qui plonge dans un carrelage devenu eau… à voir aussi celui de Taxiphone !
Billie Holiday – Lady in satin
Ce disque sorti après sa mort était considéré comme un échec. Elle était sur la fin, super alcoolique, épuisée. Sa voix éraillée contrastant avec le soyeux orchestre qui l’accompagne n’a n ‘été compris ni par les producteurs ni par le public il me semble, lors de sa sortie. C’est justement ce contraste qui rend ce disque si poignant, si vrai, elle est au fond du trou, le disque s’enfoui au fond de nous.
Chico Buarque – Per un Pugno di Samba
Disque fou, composé par Ennio Morricone. Il en existe deux versions, l’une en italien, que j’ai choisie, l’ autre en brésilien dont les arrangements son différents. Le morceau Rotativa commence par un clavecin répétitif, une mécanique répétitive qui évoque le tourbillon implacable de la vie. Sama e amore est génial, un couple dans un lit qui fait l’amour au son de la samba tout le jour, entendent les trams et les voitures autour d’eux, se prélassent dans une lenteur appuyée par les cordes lascives.
Charlie Haden’s Liberation Music Orchestra – The Ballad Of The Fallen
Enregistré en 1982, inspiré par la guerre d’Espagne et les chants révolutionnaire Amérique du Sud, ce disque militant ne m’a jamais quitté. Deuxième album du groupe au casting de dingue : Charlie Haden, Carla Bley, Don Cherry (mon trompettiste préféré), Paul Motian et tant d’autres… la crème du free jazz et du jazz.
If You Want to Write Me, la chanson qui me bouleverse le plus, est l’adaptation un hymne chanté par les troupes de révolutionnaires à travers Espagne. No pasaran.
mars 2018
Alice Lewis – Imposture
Bellbuoy Records – janvier 2018