Associé à l’artiste contemporain Liam Gillick, le groupe New Order a donné un concert unique dans un ancien site dédié à la maintenance ferroviaire transformé en pôle artistique à Turin en Italie.
Initiée en juillet 2017 par le MIF (Manchester International Festival), une série de cinq concerts donnés par New Order crée rapidement le buzz. En collaboration avec Liam Gillick, artiste anglais pluridisciplinaire vivant à New York chargé de la scénographie et Joe Duddell, croisé avec James ou Elbow, à la tête de l’orchestre synthétique. Le lieu choisi est symbolique, il s’agit de l’ancien studio télé de la chaîne Granada Television où nombre de groupes Punk et Post Punk y furent filmés.
Photo : Giorgio Perottino pour l’OGR
Après Manchester, la capitale Piémontaise s’est proposée d’accueillir l’installation dans un lieu au riche passé industriel : l’OGR (Officine Grandi Riparazioni)
Les anciens hangars de réparations ferroviaires situés en plein centre de la ville de Turin ont été vidés mais les murs ont gardé les stigmates. Briques usées, grandes fenêtres romane aux niches profondes, poteaux et structures métalliques servent un espace remarquablement mis en valeur. Au fond de la vaste scène, douze cubes occultés par des stores vénitiens signés Gillick sont occupés par douze musiciens du Royal Northern College of Music qui suivent les recommandations du chef d’orchestre Joe Duddell. Bernard Sumner et le groupe ont extrait de leur discographie – y compris celle de Joy Division – seize titres qui se prêteraient le mieux à cette relecture. En ouverture Elegia et Times Change (en rappel), ravivent les cordes synthétiques et les nappes orchestrales, joués uniquement par les douze claviers qui se feront plus discrets sur Dream Attack, Behind Closed Doors et All Day Long.
Photo : Emmanuel Foricher
New Order reprend le contrôle sur Disorder de Joy Division, magistral, tendu de bout à bout. A l’opposé, les versions d’Ultraviolence et Subculture gagnent en vivacité grâce aux subtils arrangements électroniques, rehaussés par les effets lumineux futuristes de Gillick. La fusion parfaite sera atteinte sur les titres plus dansants comme Bizarre Love Triangle, Vanishing Point et Plastic. Leur relecture moroderienne ultra efficace soutenue par une multiplication de sons de synthèses les propulse dans une autre dimension qui rappelle le Madchester vs Italian Disco dont raffole le chanteur. Barney peut être content, il chante bien et en profite pour lâcher la guitare et accomplir quelques pas de danse, micro a la main et épaulé par un son particulièrement limpide. Le bassiste Tom Chapman et le second guitariste Phil Cunningham amènent une assise plus stable au groupe et Stephen Morris à la batterie et Gillian Gilbert aux claviers, assurent leur rôle, autant opposés musicalement qu’ils sont indissociables dans la vie. Un second titre de Joy Division – Decades – clôturera le concert dans une version orchestrée inédite qui conserve sa charge émotive originelle. Avant, une introduction au clavecin prise dans un tourbillon d’algorithmes, lance l’éblouissant Your Silent Face qui fait la joie des spectateurs.
Marmillot Mathieu
Photo : Emmanuel Foricher