Le chanteur et compositeur Séverin sortira son troisième album en janvier 2019. A 38 ans, l’artiste qui monte a écrit une bonne partie des chansons dans la maison familiale en Vendée. Loin du brouhaha parisien. Au calme. Il nous a livré quelques clés du processus de création. Il sera en concert le 29 juin prochain, à Courçon (17) dans le cadre du Chantier des Francos.
A la fin de l’interview, Séverin nous remercie de ne pas lui avoir posé la question sur ses influences musicales. Ouf ! On lui a bien parlé de bossa nova et de Pierre Barouh, mais ça va, a priori, ça ne compte pas. Séverin rigole et nous explique que la première chanson de son prochain album s’intitule L’interview. Une blague du facétieux Séverin ? “Non, non, c’est vrai. Je parle de ceux qui me posent la question bateau de mes influences. L’album s’appellera Transatlantique. Il y aura 11 ou 12 titres. Je ne sais pas encore, il va falloir que je tranche. J’hésite à enlever un titre qui est un peu moins cohérent que les autres. Un album, c’est une histoire que l’on raconte entre la chanson 1 et la dernière. Il faut trouver une cohérence dans l’ordre des chansons. Un album, c’est inviter des gens à venir chez soi, dans son univers. Il faut que l’endroit soit agréable pour qu’ils aient envie de rester.”
Le goût d’écrire en français
Avant de chanter et composer en solo, Séverin faisait partie d’un groupe, One-two, avec qui il a fait deux albums.
“On écrivait en anglais. Avec One-two, on a fait des tournées en Allemagne, en Angleterre… Le gout d’écrire en français est venu progressivement. D’abord, j’ai dû trouver ma tessiture qui est différente entre l’anglais et le français. En anglais, j’ai une voix plus aiguë. En français, plus grave. Je ne reviendrais pas à l’anglais, maintenant… J’ai réussi à trouver avec le prochain album, une part de moi moins mélancolique et plus joyeuse. Je m’assume comme je suis. C’est ma nature.”
Le goût de la musique
“J’ai toujours été entouré de musique. Mon père écoutait beaucoup de jazz. Il y avait toujours de la musique à la maison. Et il écoutait aussi des groupes de rock. De là, j’ai eu envie de pratiquer un instrument. J’ai choisi la guitare et découvert, petit à petit, la puissance de cet instrument. La fascination que cela exerce sur les autres et le sentiment d’assurance que cela peut donner. Les choses arrivent, ensuite, comme des petites victoires : le premier concert au lycée, le premier groupe, le public qui vient vous écouter et vous applaudir… Mais, à 17 ans, je ne me disais pas qu’un jour, je serai chanteur. La vie d’artiste est remplie de moments de doute. C’est un combat. Parfois un sacerdoce. Mais je ne me plains pas, il y a pire dans la vie.”
Le goût du travail
“C’est à chaque nouvel album, le même problème… Quand on se retrouve, tout seul, devant la feuille blanche. Le doute est grand. On se dit qu’on n’y arrivera pas. On se demande pourquoi on est reparti au combat. Mais à chaque chanson, je grandis dans l’écriture. A chaque album, je suis content d’avoir poursuivi le combat.”
Le goût des autres
Séverin écrit également pour les autres et réalise des albums grâce à son label Néon Napoléon. Surtout des chanteuses : Rose, Alizée, Camelia Jordana, Cléa Vincent…
“C’est très différent au niveau de l’écriture de se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre, de dire à la place de… Alors j’essaye d’écrire pour elles, véritablement. Les chansons que j’écris pour les autres, je ne pourrais pas les chanter. Parce que ce ne sont plus mes chansons. Quand c’est réussi, c’est que j’ai compris le caractère de l’autre et donc ça devient sa chanson.”
Le goût de Pierre Barouh
“Ce que je garde de lui ? La capacité à être fidèle à soi-même. Pour cela, être hors mode et intemporel mais parler de soi, de ce qu’on a dans le cœur, sans se soucier si on est à la page. Malgré tout, vivre dans son temps. Pierre Barouh a réussi à être et rester sur son chemin artistique, tout au long de sa vie et de sa carrière. Un vrai et beau travail d’artisan.”
Le goût de Philippe Katerine
“Philippe, c’est une personne généreuse. Avec mon premier album, il m’a proposé de faire les premières parties de ses concerts. C’est peut-être la solidarité vendéenne, c’est vrai… Il m’a donné ma chance. Quand je lui ai demandé de participer à l’un de mes clips, il a dit oui tout de suite, dans un acte de générosité pure.”
Le goût de la liberté
“Faire tout soi-même, grâce à mon label Néon Napoléon, c’est une liberté et un contrôle qui me plaît. Je choisis les gens avec qui je veux travailler. Je choisis de partir au fin fond de la campagne vendéenne pour écrire au calme. Je choisis de débrancher le téléphone si je veux. C’est ma liberté.”
Delphine Blanchard
Séverin – Ça ira tu verras
Label Neon Napoleon – février 2016
Photos © Ambroise-Tézenas