En l’an de grâce 1977, la capitale de la perfide Albion prend feu de toutes parts. Des sauvageons à crêtes multicolores et à épingles à nourrice sur la tronche envahissent les rues de la cité et viennent réveiller à grands coups de « rangeos » l’éternel flegme Britannique. Les mômes branchent les instrus et gueulent à la révolution. Les pyromanes errent dans les rues et enflamment les trottoirs. London’s Burning, mec ! Et les pompiers ne répondent pas.
1977, mon pote !
Les grands groupes de Rock des 70’s, ces titans musicaux, ces Dieux descendus sur terre pour caresser les corps et élever les âmes; ces Dieux, donc, se reposaient sur leurs lauriers en or massif.
Ces Pink Floyd, Led Zeppelin ou même les Stones se laissaient aller à une sorte de semi-retraite, sirotant leurs pina colada le cul posé dans quelques sofas de maisons de retraite 5 étoiles, sur une de ces îles « paradisiaquement » chiante où tout est beau, lumineux et triste comme la pluie sur Londres.
Parlons en de Londres justement.
Pendant que nos monstres sacrés de la 6 cordes s’assoient au bord de la route du Rock, se retournent et commencent à regarder en arrière.
Pendant qu’ils s’enferment de plus en plus longtemps dans ces studios, coupés du monde, à travailler un son trop propre, trop léché, trop réfléchi.
Qu’ils rabâchent leur propre musique mais ne la créent plus.
Qu’ils ne voient pas derrière les vitres embuées de leur studio, derrière leur somnolence dédaigneuse et leurs yeux vitreux, qu’à l’extérieur les choses ont changé.
Que le London de la mini-jupe, des Mod’s et du psychédélisme est terminé.
LONDON’S BURNING !!
1977. La crise et l’inflation se sont installées.
La misère suinte des murs en tags dégoulinants ; « Thatcher fuck you !! » ou « Anarchy in the UK !! ».
La grisaille Anglaise semble encore plus épaisse que d’ habitude, presque étouffante. L’Angleterre sombre et laisse une jeunesse désemparée.
Nos stars encocaïnées ne comprennent pas ce qu’il se passe dehors. Ne le voient même pas.
La lutte a pourtant commencé.
Manifs enragées, pavés dans la tronche de ces flics à képis ridicules et guitares chargées ras la gueule de stridences acoustiques, te percutant les tympans comme une balle de Kalachnikov qui te claquerait le tibia , te foutrait à terre te paralysant de peur.
C’est des Iroquois qui déboulent dans les rues d’une Londres interloquée.
Des PUTAINS d’Indiens !!
Une horde d’indigènes avec des épingles à nourrice dans le pif et les oreilles, des tee-shirts déchirés, des visages maquillés outrageusement.
Terminé les jolies boucles blondes d’un Robert Plant remuant son petit cul sur les riffs magiques « Zeppelliniens ». Place à la laideur assumée, aux dents cassées, aux bras tailladés.
Place aux effluves de bière tiède, aux traces de colle glu sur les cols des « perfectos » élimés, place aux crêtes dressées sur la tête et collées à la « Lager ».
Place aux CLASH !
Trois glandeurs. trois paumés; qui se rencontrent au portes de l’ANPE British et vont former l’un des plus grands groupes de Rock de tout les temps.
Trois petits cons en pleine époque contestataire.
Trois gamins qui inventeront (avec quelques autres) la vague Punk.
Trois zonards vaguement Stalinistes qui vont faire le boulot, qui vont envoyer ce que les « monstres sacrés », « les statues de bronze » n’envoient plus: La purée électrique !!
Ces jeunots, plein de sève, balayent ces vieux bande-mous d’un grand coup de gratte turgescente et congestionnée.
Effaçant d’un trait une époque bénie, comme un Rocco et son 25 cm, reléguant au tréfonds de son slip le pauvre Alban Ceray.
Une purée électrique qu’ils balancent au visage d’une bourgeoisie terrifiée, éclaboussant par jets incontrôlés d’accords saturés ce puritanisme séculaire.
Se contractant, puis arrosant en criant quelques lignes de rythmiques Reggae, maculant le cul de cette psycho-rigidité maladive bien rosbeef.
C’est un pays qu’ils mettent à feu et à sang.
C’est un Punk sérieux, intelligent et politisé qu’ils nous crachent à la gueule.
C’est le réveil-matin d’une Angleterre assoupie dans ces traditions « petit doigt en l’air ».
C’est sauvage et direct comme un coup de boule dans tes dents.
Ca vise juste et ça frappe fort dans le petit cul serré de la vieille Bretagne… et le tout sans vaseline.
Avec en prime, une claque sur le fion.
Et c’est que le premier album, BORDEL !!!
Renaud ZBN
The Clash Lp est sorti le 8 avril 1977 sur le label CBS Records