Chicago peut s’enorgueillir de posséder les groupes les plus séduisants de la scène indépendante US. Parmi eux, The Sea And Cake, distille des albums pop avant-gardiste envers et contre tout. Any Day ne déroge pas à la règle et se place au sommet de leur longue discographie.
Credit photo : Heather Cantrell
Leur onzième album est celui d’une mini révolution. L’éternel quatuor s’est mué en trio, exit donc le fidèle bassiste Eric Claridge. Qu’à cela ne tienne, Sam Prekop (chant et guitare), Archer Prewitt (guitare) et John Mac Entire (batterie, programmations et production) ont réalisé un de leur plus bel album.
Identifiable dès les premiers accords, la musique de The Sea and Cake propulse la pop vers des contrées novatrices. Ces mélodistes émérites s’inspirent autant de l’electronica que du jazz, pour retenir une forme de pureté musicale débarrassée de toutes complexités faciles. Oser sans trop en faire. A l’image de leur ville, Chicago, réputée pour son architecture futuriste et ses musées d’arts contemporains, les accords de guitares de Prekop et Prewitt ont plus à voir avec l’avant-pop que le rock classique, plus proche d’un John Fahey que des Foo Fighters. En lévitation et en parfaite harmonie, la voix survole les compositions avec pudeur pendant que les programmations électroniques se font discrètes, contrairement aux rythmes syncopés.
Aussi, I Should Care et Starling touchent à la perfection et irisent d’une calme énergie. Plus introspectif, Any Day est un joyau pur de mélancolie, les guitares caressent avec pudeur des accords perdus de vus depuis la séparation de The American Analog Set.
De vagues influences brésiliennes sur Into Rain et Occurs viennent souligner la dimension innovante du groupe, à l’inverse de titres estampillés indies plus dynamiques – Day Moon et Circle –. En ouverture, le radical Cover The Mountain revisite le passé avec en invité de marque P. Von Merten collaborateur de Brian Wilson des Beach Boys. Le lumineux These Falling Arms rend justice aux discrets arrangements électroniques, une nostalgie prenante de la scène américaine des 90’s resurgit et clot ainsi l’album.
Aux antipodes de ses productions passées notamment avec Yo La Tengo ou Broken Social Scene, John Mac Entire a su trouver le juste climat, permettant à The Sea And Cake de flirter avec l’état de grâce.
Mathieu Marmillot
The Sea And Cake – Any Day
Label : Thrill Jockey / Differ-Ant
Sortie : 11 mai 2018