My Concubine, duo canaille, sort un quatrième album épatant. L’occasion de craquer encore une fois pour ce groupe d’un genre tout à fait recommandable.
Credit Photo : Kader Benamer
Avec My Concubine (Eric Falce et Lizzy Ling), il faut savoir être patient. 7 ans d’attente depuis Une chaise pour Ted, le temps nécessaire pour peaufiner au mieux sa musique avec l’aide d’Yann Arnaud à l’enregistrement, aux arrangements et au mixage. Le jeu en valait la chandelle : Quelqu’un dans mon genre est leur meilleur album à ce jour, un album miraculeux à plus d’un titre.
Nourri à la pop anglaise (entre orgue, cor et cordes), au rock new yorkais, le duo (associé comme pour l’album précédent à Mathieu Denis à la basse et Loic Maurin à la batterie), n’en est pas moins terriblement français, évoquant les grandes figures de Bashung et de Gainsbourg, sans oublier la paire Brigitte Fontaine / Areski Belkacem dont ils reprennent Ah que la ville est belle dans une version qui titube avec mélancolie.
Derrière tous ses ingrédients entendus ailleurs (et ici parfaitement maîtrisés), la musique de nos « Bonnie and Clyde » révèle surtout une personnalité propre. Le timbre canaille d’Eric Falce y est pour beaucoup, la qualité de son écriture également, intelligente et acéré, qui en fait un des meilleurs paroliers ici bas. Avec toujours une obsession toute personnelle pour la géométrie (après la Tangente sur le premier album, voici Verticales) et cet envie – toute française – de jouer avec les mots.
Mais attention, Lizzy Ling n’est pas là pour faire tapisserie, présence harmonieuse mais non point impertinente. Entre urgence et rêverie, entre caresse mélodique et poil à gratter (autres oxymore miraculeux), My Concubine décoche des biens jolies flèches : Tiens moi froid, Divin Loser, Conjugaison, Verticales et l’hymne pop Les secondes.
Avide et insatiable, on espère déjà une suite, en espérant que cela ne soit pas dans sept ans.
Denis Zorgniotti
My Concubine – Quelqu’un dans mon genre
Label : HappyHome Records
Date de sortie : 8 juin 2018