Les Clash et London Calling, tels des Dieux en perfecto de cuir et jean’s troués, avec une toute-puissance créatrice insoupçonnée, ont tué le Punk pour mieux le ressusciter.
79. La vague Punk a déferlé sur l’Angleterre et le monde, laissant, échoué sur les trottoirs crasseux, une jeunesse aux utopies cassées. Le Punk, enfant fébrile, vient de mourir dans sa propre pisse. Les Clash décident alors de fourrer de la dynamite sous le cadavre encore chaud de ce Punk Rock déjà pourrissant et explosent sa carcasse en mille morceaux, crachant dans un déluge d’étincelles des myriades de genres et sous-genres qui vont alimenter en modernité musicale toutes les eighties.
London Calling et les Clash ont répondu.
Ce nom pour la première fois affiché sur ces salles de concerts Américaines, ce nom explosif comme une putain de bataille de rue, une émeute, une claque dans ta gueule : THE CLASH !
C’est soudés comme ils ne le seront plus jamais, le cerveau bouillonnant et les dents qui traînent par terre qu’ils déboulent à Londres.
Pearlman leur manager sur « Give ’em… » est retourné lisser du son propre sur quelques albums de Heavy.
Nos « four horsemens » engagent Guy Stevens et le mettent aux manettes. Producteur génial mais ingérable. Alcoolique notoire, amateur de substances prohibées et givré de première catégorie.
Se battant avec l’ingé son pour des questions de mixage, fracassant chaises et tabourets sur les murs du studio et sur les tronches qui dépassent.
Mais cuisinant une émulation surréaliste, transpirant la testostérone, entre les murs de « Vanilla », studio miteux perdu en plein Londres et caché entre des piles de pneus usés et des carcasses de bagnoles rouillées.
On joue, on écrit, tout le temps.
Pas de temps mort. On répète, inlassablement.
Panne d’inspiration ? On joue quand même ! Des reprises, du Dylan, du Chuck Berry, le Brand new cadillac de Vince Taylor.
On ne s’arrête pas, jamais. On ne laisse aucune chance aux prises de becs, il faut avancer.
C’est un bouillonnement d’idée. Un brassage de styles.
C’est un chaudron de sorcier où tout y jeté pèle-mêle : Rock, Reggae, Ska, Jazz, Blues, chichon, bière, amphèt’.
On mélange tout à la louche. La préparation paraît grossière, on coupe tout en gros morceaux, on assaisonne plus que de raison, mais le goût est là.
C’est un album miracle que ce London Calling, un album suant cette fatigue du travail bien fait.
Qui sous ses airs foutraques, bordéliques est un pur joyaux millimétré, un diamant aux mille facettes musicales aussi brillantes les unes que les autres.
C’est l’album magique aux confluents de musiques que l’on avait pas encore osé mélanger entre elles.
Une sorte de pointillisme musical où plus tu t’éloignes, plus tu l’écoutes et plus sa forme se précise, sa beauté te saute aux oreilles, son génie devient flagrant.
London Calling c’est une épopée.
L’épopée d’une modernité musicale mis en branle par 4 jeunes Punks.
4 gamins à l’origine de la vague Punk Londonienne qui 3 ans plus tard vont s’acharner à la détruire, prouvant au final que le Punk outre la fureur d’une rébellion adolescente, n’est pas qu’un genre musical désordonné, mais bien une chance, une opportunité pour 4 gamins de banlieues, d’accéder à la musique et ce avec un minimum d’argent et de connaissances musicales.
Le Punk c’est une chance offerte à tout le monde d’accéder à la création.
Le Punk c’est la démocratie faite musique.
Les Clash vont juste détruire le Punk « Londonien », cette mode et cette musique de révolte « teenager » pour au final, renforcer le PUNK.
Ce Punk des idées, ce Punk démocratique qui donne accès à la culture pour tous, du moment où l’on a un semblant de guitare et l’envie de foutre le feu à tout ce qui a plus de 20 ans.
Les Clash et London Calling, tels des Dieux en perfecto de cuir et jean’s troués, avec une toute-puissance créatrice insoupçonnée, ont tué le Punk pour mieux le ressusciter.
London Calling est sorti le 14 décembre 1979 sur CBS Records.
Renaud ZBN