Une sélection d’albums sortis au cours de ces derniers mois et qu’il sera encore judicieux de découvrir durant tout cet été 2018 !
Au programme : Colin Johnco, Red Money, Shuta Hasunuma & U-zhaan, Volage, Délage, Michael Wookey, Chocolat Billy, Watoo Watoo, Barbara Carlotti, Otis Stacks, Gabriel Naïm Amor, Woody Murder Mystery, Lion in bed et Satellite Jockey.
Colin Johnco – However Far Away
Colin Johnco est ce que l’on peut appeler un producteur multi-cartes. Il pratique à la fois la musique électronique expérimentale et présente des installations et illustrations sonores. Il est à la fois compositeur et Dj et gérant de Johnkôôl Records avec Dj Kôôl du Collectif Sin~. Pour ce nouvel album, il tente de faire le lien entre les univers d’Aphex Twin, Art Blakey ou Erik Satie à travers une musique electronica cosmique qui le rapproche par moment des Boards Of Canada. Très attirantes, malgré leur aspect minimaliste, les compositions de Colin Johnco forment un tout très dense, idéal pour nous mettre en lévitation et nous envoyer en balade sur la Lune. (Johnkôôl Records)
Red Money – Shake Burn and Love
Le duo tourangeau, Laure Laferrerie et Arnaud Dussiau, qui officie sous le nom de Red Money a frappé encore très fort au début de l’année 2018 avec un album incandescent, enregistré à Nashville avec le producteur de Alabama Shakes, dans la pure tradition du garage rock. Une association qui tourne encore une fois à plein régime sur 10 titres envoyés comme des coups de massue dans la face de l’auditeur qui ne perdra pas une miette de ce grand raout musical totalement irrésistible. D’autant plus que les influences psyché et les tonalités roots sont de la partie dans cet album délicieusement sauvage. Amoureux des White Stripes ou des Black Keys, ce disque est pour vous ! (4Play Music)
Shuta Hasunuma & U-zhaan – 2 Tone
Voici une douceur et une découverte qui mérite le détour. Elle est signée du joueur de tabla U-zhaan qui improvise et compose sa musique à parti de son instrument de prédilection mais aussi et l’aide d’instruments électroniques et de l’ordinateur. Les boucles et les effets ainsi créés à partir de tout ces outils s’imbriquent parfaitement et se mélangent dans des morceaux particulièrement harmonieux et délicats. En compagnie de Hasunuma mais aussi d’Arto Lindsay et Devendra Banhart, U-zhaan nous offre un album d’une poésie et d’une sensibilité étonnante. (Birdwatcher Records)
Volage – Sittin’ Sideways
Mine de rien, il y a un sacré vivier musical à Tours ! On ne compte plus les labels et les groupes pop-rock passionnants issus de ce coin là de la France, qu’ils soient garage krautrock ou electro. Et Volage fait sans aucun doute partie des plus beaux spécimens de la ville et de sa région. Avec leur deuxième album, ce quatuor estampillé Howlin’ Banana (un vrai label de qualité), revient avec un album terriblement accrocheur dans une veine garage-pop… ou glam-rock, avec plein de mélodies et de bonne vibrations. Porté par la voix très agréable du chanteur, les compos de Volage dévoilent beaucoup de subtilité dans un registre où il n’est pas toujours facile de sortir de l’ordinaire. Chapeau les gars ! (Howlin’ Banana)
Délage – Loverboy Beatface
Field Mates Records a toujours le nez creux pour nous dénicher de nouveaux artistes aux charmes discrets mais évidents. Apres Jons et Elan Noon, c’est au tour de Délage d’avoir les honneurs du petit label parisien. ce Loverboy Beatfaceest est donc un album signé Délage, soit le musicien multi-instrumentiste allemand Till Hormann qui officie dans une veine pop psyché et lo-fi, nous ramenant à la fin des années 60, celles du Velvet Undergroud ou, plus proche de nous, au style de John Maus. Délage délivre ainsi des chansons d’aspect monotone et droopyesque à souhait mais pourtant totalement aimables et irrésistibles. Une vraie curiosité ! (Field Mates Records)
Michael Wookey – Hollywood Hex
Si, dans le genre pop aux accents dramatiques ou baroques, Get Well Soon ou Woodkid font figure de référence depuis quelques années, l’anglais Michael Wookey (dans un registre moins emphatique) est également un artiste à prendre très au sérieux, comme on pourra vite s’en rendre compte à l’écoute de ce second album. Bénéficiant d’orchestrations ambitieuses mais aussi de mélodies bouleversantes, Hollywood Hex a tout pour devenir un trésor caché… à moins que le petite monde de la musique pop-rock indé décide de s’emballer pour ce garçon de la même manière qu’il s’était emballé pour Sparklehorse, Eels ou Beirut il y a quelques années. Des artistes que l’on aime toujours autant et que l’on a envie d’associer à ce talentueux Michael Wookey accompagné ici d ‘anciens musiciens du groupe The Hiddentracks. (We Are Unique Records)
Chocolat Billy – Délicat déni
Un nom aussi drôle et barré qu’est la musique de ce groupe bordelais qui officie dans un registre math rock débridé, loin du tabassage de batterie, souvent habituel dans ce genre musical. Même si ça balance pas mal chez Chocolat Billy, on sent en permanence une envie de faire sonner le rock de manière joyeuse et sans se prendre au sérieux. Un bon point pour ce quatuor dont on appréciera ce quatrième album aussi foutraque, bariolé qu’un film avec Vincent Macaigne. Un disque où les rythmes et les sonorités tribales semblent sortir de nulle part ou alors de très loin ; un disque qui fleure bon l’improvisation et qui invite à une transe heureuse dans une jungle profonde. (Kythibong records)
Watoo Watoo – Modern Express
Une si longue attente était le titre de leur précédent album. Il n’aura pourtant fallu que 4 ans au duo Michaël et Pascale pour accoucher de cet album qui vient clôturer une collaboration démarrée en 1997 avec l’album Un peu de moi. On retrouve ici le style indie pop, à la fois léger et mélancolique imaginé, par Pascale et Michael dans un album où les influences 80’s tendance new wave (The Cure, New Order…) côtoient des mélodies pop 60 à la sauce Stereolab ou Broadcast ou sonnant plus franchement easy listining, dans la lignée des albums Tricatel d’April March ou de Valérie Lemercier. Un vrai bon petit disque d’été à écouter et à savourer les doigts de pieds en éventail. (Jigsaw Records)
Barbara Carlotti – Magnétique
Après une parenthèse radiophonique d’un an sur France Inter où elle anima avec brio nos soirées (Cosmic Fantaises), Barbara Carlotti fait son grand retour sur album avec Magnétique. Un disque dans lequel la chanteuse regarde encore vers le ciel et les étoiles si l’on en juge par les superbes textes dévoilés au fil des titres. Dans le même esprit que les productions de Bertrand Burgalat, avec lequel elle signe un adorable duo, Barbara Carlotti propose là un disque de pop à l’écriture tout simplement parfaite et aux orchestrations brillantes. Une pierre, un rubis, de plus à l’édifice d’une œuvre sans fausse note pour cette attachante artiste. (Elektra France)
Otis Stacks – Fashion Drunk
Un producteur danois et un chanteur originaire de Pasadena associés sous le nom de Otis Stacks. Voilà un étrange duo pour un double clin-d’oeil, au king Otis Redding et à son éminent label, Stax records. Sans vouloir copier ses glorieux aînés, le duo s’en inspire toutefois en proposant un mélange de trip-(hip)-hop et de soul, dans une production très moderne, tout en gardant à l’esprit la recette et l’âme des grandes productions Soul du passé. Accompagné du rappeur The Gift of Gab sur le single Fashion Drunk, le duo régale avec cette production délicieusement cosy et un album rempli de tubes. Du groove sur du velours, idéal la pour la saison ! (Underdog records)
Gabriel Naïm Amor – Moments Before
Compagnon de route de longue de date de Calexico – John Convertino l’accompagne ici à la batterie –, installé à Tuscon en Arizona, Gabriel Naïm Amor nous envoie de temps en temps des cartes postales musicales comme avec ce nouvel album teinté de jazz, de blues et de folk sur fond de musique improvisée. Un disque cinématographique, rempli de silence, subtilement arrangé autour de cordes et qui fait écho à un projet imaginé avec le guitariste Nöel Akchoté il y a quelques années. Un petit bijou de musique intimiste qui évoque à la fois Nate King Cole et Tortoise ! (What a Mess! Records / Vacilando ’68)
Woody Murder Mystery – Lost in Beaucaire
Influencé notamment par le Brian Jonestown Massacre, Woody Murder Mystery a logiquement mis aussi un peu d’influences psyché pop anglaises et californiennes dans ce nouvel album. Lost in Beaucaire nous ramenant ainsi très vite à la fin des années 60, à celles de Sgt. Pepper’s et de la chanson yéyé « Made In France » plutôt classe de Polnareff ou Nino Ferrer. Car oui le groupe chante à la fois en français et anglais sans que cela ne pose aucun problème, bien au contraire. Un beau moment de sunshine pop délicate et radieuse que nous offre cette formation basée à Clermont-Ferrand. (Freemount Records)
Lion in bed – Lion in bed
Voici un couple qui conjugue romantisme et musiques pop « qui sortent des sentiers battus ». Il réunit Schérazed (repérée un temps avec Dotsy Dot) et Mickaël Mottet, chanteur musicien, vétéran de la scène rock hexagonale avec notamment son ancien groupe Angil & The Hiddentracks. Ensemble, ils signent un disque étonnant qui de prime abord ne paie pas de mine avec sa prod Lo-Fi mais qui finit par séduire totalement par son aspect aventureux et jamais balisé. Un disque où les voix de Mickaël et surtout de Schérazed s’accoquinent parfaitement avec les boites à rythmes et les guitares grinçantes… rappelant pourquoi pas le travail de John Parish avec Pj Harvey au milieu des années 90. Une très belle surprise, quoi qu’il en soit. (We Are Unique Records)
Satellite Jockey – Modern Life, Vol. 2
Un an à peine après Modern Life, Vol.1, le groupe Satellite Jockey revient en 2018 avec un volume 2 taillé dans le même bois que le précédent. On y retrouvera des mélodies franches sur des refrains entraînants et fédérateurs qui mis bout à bout constitueront un ensemble de chansons irrésistibles, une agréable récréation musicale, avec de chansons pop folk 60’s légères et sucrées, composées avec des instruments très variés (clavecin, flûte à bec, marimba, sitar, trombone, contrebasse…). Une production qui donnera sans doute envie de réécouter les Bealtes et les Beach Boys. (Another Record)