Il n’y a pas d’âge pour devenir un héros de la musique afro-américaine. Fantastic Negrito le prouve sans ambiguïté avec Please Don’t Be Dead… un très beau disque de Blues métissé.
E : « Ce disque m’a littéralement scotché« .
C : « On dirait un bon disque des Black Keys !« .
L’histoire en elle-même est édifiante, et tellement américaine : Xavier Amin Dphrepaulezz est un petit voyou d’Oakland, sur qui la foudre tombe le jour où il entend un disque de Prince, artiste largement autodidacte dont il décide de suivre les traces. Il apprend tout seul à jouer de la guitare, est remarqué par le management de Prince, mais son premier album passe totalement inaperçu. L’attraction de la vie criminelle reprend le dessus. Et puis, 20 ans plus tard, à près de 50 ans, Xavier réapparaît sous le pseudonyme de Fantastic Negrito, avec l’ambition dantesque de réaliser un panorama complet de la musique afro-américaine qui soit écoutable autant par les blancs que par les noirs… Y aura-t-il cette fois une seconde chance pour le héros américain ?
G : « Je n’arrive plus à me prendre de « grosses claques » vis-à-vis de trucs qui ressemblent à plein de trucs déjà entendus depuis 50 ans. Même si c’est fait avec grand talent. Comme ici. »
S : « Impressionné. Mieux que ça : ému. L’album est une sorte de crossover mêlant différentes strates de l’histoire de la musique noire et les faisant revivre avec un son clair et neuf et la cohérence de la conviction… »
Alors, simple (?) relecture virtuose de décennies d’une musique fondamentale (blues, soul, funk, hip hop ?) ou bien apparition tardive d’un génie qui marquera le siècle ? Il est trop tôt pour trancher, et d’ailleurs on s’en moque un peu tant Please don’t be Dead se révèle dès la première écoute une source de plaisirs infinis, disons entre Led Zep (l’intro torride de Plastic Hamburgers) et Prince (la moiteur pop de Dark Windows, le funk imparable de Bullshit Anthem), mais pas que… Car il y a l’émotion que dégage le bouleversant A Cold November Street, ou l’enthousiasme primitif du sublime A Boy named Andrew, et pas mal d’autres moments terrassants, comme le militant Transgender Biscuits, qu’on a bien du mal à étiqueter, mais aucun à apprécier !
G : « Le distributeur y a vachement cru : on en a reçu 2 exemplaires au magasin il y a 5 semaines. On les a vendus (1 par semaine). Depuis, l’album apparait comme supprimé (aka plus dispo et susceptible de ne l’être à nouveau que quand il y aura re-fabrication). »
Bref, entre la surdité désormais chronique de toute la filière musicale et cette saloperie de destin qui ne fait pas de cadeau à Xavier (voir le sévère accident dont il a été victime…), il est loin d’être certain que le monde ait la chance d’avoir le nouveau héros dont il a besoin. Et que la maxime sur la seconde chance soit pour une fois contredite. En attendant, faites-vous plaisir et tendez la joue pour recevoir cette grosse, grosse claque !
Eric Debarnot