Dix ans après avoir révélé Jennifer Lawrence avec le brillant Winter’s Bone, la réalisatrice Debra Granik dresse dans Leave No Trace le portrait d’un père et de sa fille humaniste mais pas exempt de clichés.
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Debra Granik revient près de dix ans après avoir révélé Jennifer Lawrence dans le très beau Winter’s Bone, qui était dans la même veine naturaliste (et tout autant que proche de la nature) que peut l’être ce Leave no trace. Un film d’ailleurs tout aussi beau où notre environnement compte autant voire plus que nous, humains, qui le peuplons. La cinéaste sait mettre en valeur les forêts de l’Oregon, le côté paisible de la vie dans la nature où le temps semble s’être arrêté. Mais elle sait aussi éviter les travers trop contemplatifs ou encore les plans perclus d’admiration béate devant les merveilles de la végétation ou d’une nuit à la belle étoile. Il n’y a donc aucun excès d’émerveillement ostentatoire qui aurait pu être ennuyeux ou poseur. C’est un bon point.
Leave no trace montre une manière de vivre différente et salvatrice. La société actuelle et son fonctionnement ne sont pas critiqués tel un pamphlet mais certains paradoxes sont tout de même pointés du doigt, comme le fait qu’un parc naturel, et donc la nature, soient interdits aux gens qui souhaitent y vivre. Le film est parfaitement dosé entre le récit initiatique, le côté social sur une réinsertion difficile, le drame humain pur et dur et le beau portrait d’une relation père/fille. D’ailleurs, à ce niveau et film après film, Ben Foster montre l’étendue de son talent et forme un magnifique duo avec sa jeune partenaire.
La fin proposée par le long-métrage est quelque peu attendue mais a belle allure, évitant tout pathos excessif.
On pourra trouver que cette œuvre, qui se niche dans un courant contestataire face à une certaine société de consommation, soit un poil trop longue mais le récit parvient toujours à se renouveler et à contourner le côté répétitif. Dans tous les cas Leave no trace est une étonnante « histoire vraie » qui reste peut-être un peu trop nébuleuse sur le passé du héros et du pourquoi de son choix de vie, ce qui empêche parfois l’empathie envers les personnages et la compréhension du spectateur.
Mais le plus gros problème du film, sans qu’il n’y puisse rien, c’est d’arriver après le magistral Captain Fantastic sur un sujet similaire. Et la comparaison ne joue pas en sa faveur tant ce dernier était plus beau, plus poétique, plus émouvant. Néanmoins, Debra Granik creuse un sillon plutôt intéressant et humaniste dans le cinéma indépendant américain, n’évitant pas toujours pour autant les clichés dudit cinéma.
Leave No Trace
Film Américain de Debra Granik
Avec Thomasin McKenzie, Ben Foster, Jeff Kober
Genre : Drame
Durée : 1h 49min
Date de sortie 19 septembre 2018