The Little Stranger : les fantômes sentent la naphtaline

Le réalisateur Lenny Abrahamson revient avec un film fantastique au rythme lancinant, au scénario aussi poussiéreux que le décor dans lequel il se déroule.

The Little Stranger : Photo Charlotte Rampling, Domhnall Gleeson

Une vieille maison perdue dans la campagne anglaise. Une famille aux membres un peu louches. Des phénomènes étranges. Un probable secret enfoui. Un rebondissement final le plus surprenant possible. La recette empruntée par The little stranger est connue. Surtout depuis que l’école espagnole du fantastique (on pense surtout à L’Orphelinat) a remis le genre de la maison hantée au goût du jour il y a une dizaine d’années. Et rien que cette année on a déjà eu le même type de film, anglais lui aussi, avec Le secret des Marrowbones qui avait plutôt belle allure en dépit d’un dénouement pompé sur Sixième sens et surtout Les Autres.

The Little Stranger afficheAlors que le réalisateur de l’excellent et oscarisé Room (mais aussi du plus particulier et moins convaincant Franck avec Michael Fassbender et sa tête en plastique géante), Lenny Abrahamson, se soit penché sur ce type de film est quelque peu étonnnant. En effet, ce long-métrage sent un peu la naphtaline et semble arriver avec des années de retard. Surtout qu’il n’y injecte jamais une quelconque actualisation du genre ou un point de vue qui sorte des sentiers battus. The little stranger a beau être adapté d’un best-seller (de Sarah Waters), il déroule son histoire classique de façon bien molle et soporifique. Le rythme est terriblement lancinant et le metteur en scène choisit plutôt de se focaliser sur les relations entre les personnages avec, en ligne de mire, les rapports de classe plutôt que de jouer la carte du suspense et des sursauts. Mauvais choix car on s’ennuie.

Il faut attendre la toute fin et un retournement de situation final pour que s’éveille un peu notre intérêt. Mais, pas de chance, on le devine un peu avant et il persiste trop de zones d’ombres à la fin pour que tout cela soit plausible, en tout cas sur grand écran. Les acteurs font ce qu’ils peuvent mais tout cela est bine trop ampoulé et monotone pour que notre attention soit active près de deux heures.

Quant à l’aspect fantastique et épouvante, il n’y a rien à attendre de ce côté-là : on n’a pas peur une seule fois. Bref, dans le genre drame fantastique en d’époque, on a déjà fait bien mieux un peu partout dans le monde, de la Corée du Sud au Mexique en passant par la Scandinavie.

Rémy Fiers

The Little Stranger
Film anglais de Lenny Abrahamson
Avec Domhnall Gleeson, Ruth Wilson, Charlotte Rampling…
Genres Drame, Fantastique, Epouvante-horreur
Durée : 1h 52min
Date de sortie 26 septembre 2018

https://youtu.be/b7kcCwgj9JA