Un remake qui hésite constamment entre le film d’auteur et le film grand public mais qui révèle Lady Gaga comme une véritiable actrice de cinéma.
Bradley Cooper se lance dans la réalisation et on s’étonne de le voir choisir un nouveau remake de « Une étoile est née », déjà adapté trois fois au cinéma, la version la plus célèbre étant celle de 1954 par Georges Cukor avec Judy Garland dans le rôle titre. Le projet est passé entre plusieurs mains dont celles de Clint Eastwood avec Beyoncé dans le premier rôle. D’ailleurs, à la vue de A star is born on pourrait croire que l’octogénaire a laissé planer son patronage sur le film tant on y retrouve des traces de son œuvre. On nous dirait que c’est lui qui a mis en scène cette version qu’on n’en serait pas étonné.
Finalement, c’est une autre pop star qui hérite du rôle d’Ally, une jeune chanteuse qui ne parvient pas à percer dont la rencontre avec un crooner sur le déclin va changer la vie. Et non des moindres puisqu’il s’agit de Lady Gaga. La star crève l’écran sans que l’on en soit vraiment étonné au vu de ses prestations vocales et scéniques passées et des quelques apparitions notables qu’elle a pu faire, notamment dans la série American Horror Story. Ici, elle joue sans fard, dans tous les sens du terme, pour incarner ce personnage qui entretient de nombreuses ressemblances avec son propre parcours. Un jeu de miroirs intéressant qui nourrit d’ailleurs le long-métrage.
La première partie du film qui ressemble beaucoup à un conte de fées est plutôt réussie. Bradley Cooper tente à tout prix de ne pas tomber dans le romantisme fleur bleue et, même s’il n’y échappe pas toujours, on finit par croire à cette histoire d’amour qui met des étoiles dans les yeux et du baume au cœur. On sent néanmoins que sa première réalisation est tiraillée constamment entre le film d’auteur à la tonalité plutôt grave et la romance sucrée tout public. Cet écart se ressent fortement tout le long de A star is born, l’œuvre alternant scènes intimes plus confidentielles et graves avec ce côté « production sucrée pour midinettes en mal d’histoires d’amour ». La seconde partie apparaît moins convaincante avec davantage de poncifs et un déroulement plus attendu. C’est l’histoire bien connue de la jeune femme qui passe de l’ombre à la lumière ou de la chenille qui se transforme en papillon.
Il y a de belles fulgurances qui traversent le long-métrage, notamment des moments musicaux qui parviennent à nous toucher en dépit d’une musique, soit trop country et destinée à flatter le public américain, soit trop pop et très niaise. Mais parfois ça fonctionne…
On apprécie également certaines relations (pas assez développées cependant), comme celle entre le rocker Jackson Maine (que Cooper interprète lui-même avec un sacré accent) et son frère. Des rapports émouvants et beaux qui auraient gagné à prendre plus de place dans le film. Mais on sent que le néo-cinéaste n’a d’yeux que pour son actrice principale.
Le film n’est donc pas vraiment une déception mais pas une franche réussite non plus. Il parvient à nous émouvoir par à-coups, nous emporter dans sa première partie mais beaucoup moins dans la seconde, plus consensuelle. Au bout du compte et du conte, on est face à un film qui se révèle être juste une sympathique sucess-story, un peu moins bête et naïve qu’à l’accoutumée. Et d’ailleurs, le final, assez tire-larmes, confirme cette impression générale.
A Star is Born
Film Américain de Bradley Cooper
Genres Drame, Romance
Avec Lady Gaga, Bradley Cooper, Sam Elliott…
Durée : 2h 16min
Date de sortie 3 octobre 2018